On parlait très souvent de racisme à rebours, aujourd’hui dans la «nouvelle – ancienne» Tunisie, nous avons créé une nouvelle terminologie: celle du régionalisme à rebours.
Jugez-en vous-mêmes: il paraît que certains membres du cabinet Ghannouchi, avant même la composition de son gouvernement, appelaient des amis à eux et leur disaient: “connaîtriez-vous quelqu’un qui vient de Kasserine, Sidi Bouzid ou Gafsa? Nous avons besoin d’urgence de noms de personnes originaires de ces régions pour les désigner à des hauts postes gouvernementaux”. Comme si on pouvait se suffire tout juste de cela pour résoudre les problèmes des gaps et déséquilibres régionaux dans notre pays. Tant il est vrai que le ridicule ne tue pas, cela rend dépressif au grand bonheur des psychothérapeutes dont la cote devrait monter ces temps-ci…
Un exemple édifiant, celui du ministre de l’Agriculture, originaire de Sidi Bouzid, qui aurait effectué une série de nominations de hauts responsables du ministère et dont nombre parmi les 16 viennent, devinez d’où… de Sidi Bouzid!
Parmi eux, figure le PDG de l’Office des Céréales; le nouveau dirigeant fait l’objet actuellement d’une série de contestations de la part des employés de l’Office. Pour une fois que ces derniers ne «dégagent» pas leur premier responsable, c’est le ministre transitoire qui assure la mission!
Une décision courageuse qui œuvrera au succès de la prochaine saison céréalière… Mais nous y reviendrons…
Dans l’attente, les agents du ministère, eux, n’arrêtent pas de se plaindre et pour une fois, pas pour les mauvaises raisons… Dans leur dernier communiqué daté du samedi 28 mai 2011, ils dénoncent les représailles perpétrées par le ministre à l’égard de tous ceux qui ont protesté contre les «mauvaises pratiques qui ont lieu dans les couloirs du ministère et en rapport avec des nominations inquiétantes et déconcertantes». Les employés dénoncent des abus qui auraient été commis au plus haut de la pyramide du ministère et appellent à annuler les sanctions prises à l’encontre de leurs collègues.
Depuis le 14 janvier, nous avons vécu nombre d’incidents en rapport avec des Tunisiens en provenance de Sidi Bouzid, tel ce jeune se présentant au ministère de l’Emploi en tant que journaliste et dont il s’est avéré par la suite qu’il demandait à ce que l’on recrute 5 amis originaires de son gouvernorat. Ou d’autres qui se présentent dans des banques arguant qu’étant de Sidi Bouzid, ils doivent avoir la primauté, ou encore ceux qui consomment dans des bars ou des restaurants et qui refusent de payer l’addition sous prétexte qu’ils ont apporté la révolution au pays…
Depuis le 14 janvier, nous en avons vu de vertes et de pas mûres de la part de certaines personnes inconscientes, mais qu’un haut responsable prenne ce type de décisions! D’ailleurs, les mauvaises langues prétendent que le ministre de l’Agriculture a voulu placer les siens avant son départ, ce qui reste, à vérifier…
Assisterions-nous à la “bouzidification de l’Administration tunisienne?”
Nous n’avons pas fêté le départ de Ben Ali pour souffrir d’une nouvelle dictature, celle de l’ancienne opposition devenue aujourd’hui maîtresse à bord sous prétexte de légitimité révolutionnaire alors qu’elle n’a même pas apporté la révolution, ou de nouveaux lobbys régionaux, .
La Tunisie mérite mieux et appartient à tout le monde. Nous avons tous le droit d’y vivre dans l’égalité et sans aucune discrimination politique ou régionale.
“Droit de réponse”
«Cet article a été rédigé à charge. Mme belhadj ali est partie du principe qu’il y a un régionalisme à rebours et a tout fait pour le démontrer. Elle a tout fait, y compris proféré des mensonges et des contres vérités.
Pendant 50 ans la tunisie a été prise en tenaille par des sahéliens et quelques tunisois. (Remercier le combattant suprême pour ça). Et madame belhadj ali, qui est une journaliste d’un certain age, n’a pas levé le petit doigt pour dénoncer la monastirisation ou la trabelsisation de la Tunisie. Il va de soit que pendant ces 50 ans, la quasi totalité des poste clefs, tout domaines confondus, ont été attribués à des personnalités de monastir, sousse, tunis… Les gafsa, kasserine et sidi bouzid n’ont eu que des miettes dans tout ça. Donc, et à supposer que le ministre de l’agriculture a réellement fait ce que belhadj ali lui reproche. Où serait le problème il un responsable tente aujourd’hui de rééquilibrer la balance et de réparer les dégats du passé?
Le plus grave dans tout ça c’est que rien n’est véridique dans ce qu’a raconté la journaliste. Tout démontre qu’il s’agit d’un amas de mensonge. Et la, nous disons STOP. Parce que le site qui a publié cet article ordurier va devoir s’expliquer. Amel belhadj ali va devoir apporter les preuves de ce qu’elle a proféré comme faits et gestes.
Nous rappelons que les gens des villes citées sont connus pour avoir été les seuls à avoir résisté par les armes et par le sangs aux colonisateurs de toutes origines, aux régimes dictatoriaux. Et c’est en grande partie grâce à eux que Mme belhadj ali peut aujourd’hui ouvrir son bec et dégueuler ses idées rétrogrades en se croyant protégée par le nouvel air de liberté qui souffle sur le pays. Sauf que là, elle s’est lamentablement trompée. Car liberté ne rime pas avec haine et irresponsabilité. Liberté va de paire avec responsabilités. Et nous promettons que de grès ou de force madame B.H.A va devoir assumer les siens. Nous n’avons pas hésité à défier bourguiba et ben ali. Si elle pense nous impressionner avec ses diatribes elle va vite déchanter. RDV donc devant les tribunaux ou en face à face… Nous exigeons réparations, quitte à les faire à notre manière… »
Réponse de l’auteur de l’article
L’article cité plus haut est intégralement publié, erreurs d’orthographe comprises, et exprimerait, d’après son auteur, le point de vue des cadres du gouvernorat de Sidi Bouzid suite à la publication de l’article «L’empire Sidi Bouzid ou la nouvelle Yathrib» sur Webmanagercenter. Il est signé Dr Fayçal Mehrez (Design Systems Efficiency / QPR France & Afrique Francophone 199 Avenue de Versailles 75016 Paris).
Je voudrais exprimer au Dr Fayçal Mehrez mon admiration pour sa grande pertinence et son talent pour ce qui est de la langue française dans laquelle Monsieur s’est exprimé.
Ceci étant, et depuis que j’ai démarré ma carrière de journaliste, je n’ai jamais eu affaire à autant d’acharnement de la part des lecteurs même du temps du régime Ben Ali où j’osais avancer des critiques qui paraissaient pour certains courageuses et que j’estimais personnellement naturelles dans mon métier. Car J’ai toujours considéré que le journalisme ne consistait pas à séduire ou à suivre l’ère du temps mais plutôt à informer et le cas échéant à secouer la conscience populaire ou pourquoi pas provoquer par des images ou des mots.
Toutefois, j’ai bien peur que mon article ait blessé la population de Sidi Bouzid qui a considéré que le terme Yathrib que je voyais personnellement comme le refuge des gens de la Mecque qui avaient fui l’oppression qu’ils y vivaient, et qui ont donné plus de dimension à la petite ville qu’elle était ait mal compris et interprété comme étant le lieu qui abritait les Juifs qui se sont ligués contre le Prophète. Ceci n’était nullement pas mon intention.
D’autre part et pour parler de la bouzidification de l’administration tunisienne, je tiens à rappeler que je n’ai pas spécifié de nombre, par contre, il est sûr que deux hauts responsables nommés par le ministre proviennent de Sidi Bouzid.
Je n’ai rien contre Sidi Bouzid, je suis Tunisienne et nationaliste, je considère que nous avons tous autant de droits que d’obligations envers notre pays. Sidi Bouzid était tout juste un exemple pour dénoncer de nouveaux et mauvais réflexes. La victime d’hier ne doit pas devenir le bourreau d’aujourd’hui et il aurait fallu bien lire l’article pour voir la note sur laquelle il a été terminé et dans laquelle je disais «La Tunisie mérite mieux et appartient à tout le monde. Nous avons tous le droit d’y vivre dans l’égalité et sans aucune discrimination politique ou régionale».
En fait, il s’agit bien de cela et non d’aucune forme de régionalisme comme on a bien voulu le croire ou le faire croire.
Ceci dit et dans l’absolu, lorsqu’on ambitionne de devenir une démocratie, la première chose à faire est d’apprendre à tolérer les avis différents ou au moins de discuter les idées et non les personnes et surtout d’éviter les insultes. Quand je vois des réactions aussi violentes, la liberté de presse me paraît bien lointaine, que ferions-nous si nous avions un “Canard enchaîné” en Tunisie?
En fait, dans le code de la Presse, ce sont les insultes qui peuvent faire l’objet d’un procès, Monsieur Fayçal Mehrez et non la libre opinion aussi mauvaise soit-elle. Juste au cas où vous l’ignoreriez.
Amel Belhadj Ali