GB : le gouvernement peine à boucler l’épineux dossier Murdoch-BSkyB

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ège social de BSkyB à Londres, en mars 2011 (Photo : Warren Allott)

[30/05/2011 07:20:01] LONDRES (Royaume-Uni) (AFP) Le gouvernement britannique tarde à donner son feu vert définitif au rachat complet du bouquet satellitaire BSkyB par Rupert Murdoch, cette opération très sensible politiquement s’avérant plus difficile que prévu à conclure face à des opposants déterminés.

L’affaire semblait pourtant quasiment bouclée début mars lorsque le ministre de la Culture Jeremy Hunt s’était dit satisfait des propositions de News Corp., le groupe de M. Murdoch, pour calmer les craintes sur l’avenir du pluralisme des médias au Royaume-Uni.

News Corp. s’était alors engagé à séparer la chaîne d’informations Sky News du reste de BSkyB et en faire une “compagnie indépendante” du groupe qui contrôle déjà plus du tiers du marché de la presse britannique d’information.

La décision finale de M. Hunt devait intervenir à compter du 21 mars, après une consultation publique de 15 jours. Mais elle se fait toujours attendre plus de deux mois plus tard.

News Corp. n’est donc pas en mesure de se lancer dans le rachat des 60% de parts qui lui manquent dans le bouquet satellitaire aux 10 millions d’abonnés et au milliard de livres de profit annuel. L’objectif : profiter de cette force de frappe unique pour imposer sa nouvelle statégie visant à coupler l’offre télé à des abonnements internet aux grands journaux du groupe comme le Times.

Même si le projet ne semble pas remis en cause, les obstacles se sont multipliés dans la dernière ligne droite.

Première mauvaise surprise pour le gouvernement du conservateur David Cameron, soupçonné de vouloir privilégier un groupe de presse l’ayant activement soutenu durant sa campagne électorale: la consultation publique, qui aurait pu n’être que de pure forme, a reçu quelque 40.000 contributions. Preuve que les opposants au projet, qui regroupent de puissants médias concurrents du groupe Murdoch (Daily Telegraph, Guardian, BBC…), ne désarment pas.

M. Hunt a promis que ses services examineraient tous les avis. “Il doit éviter toute décision rapide pouvant donner le sentiment que tout était joué d’avance”, note Joseph Lampel, spécialiste des médias à la Cass Business School de Londres.

La mobilisation anti-Murdoch montre aussi que “toute décision risque d’être contestée en justice”, ce qui contraint les autorités à un examen très minutieux du dossier, renchérit Charles Beckett, de la London School of Economics.

Deuxième accroc obligeant les soutiens de News Corp. à faire profil bas, son tabloïde dominical News of the World (2,7 millions d’exemplaires) est au coeur d’un énorme scandale de piratages de messageries téléphoniques de personnalités, qui vient de rebondir avec pour conséquence plusieurs interpellations et démissions.

Autre souci: la cession de Sky News, indispensable au bouclage du dossier, relève du casse-tête. Structurellement déficitaire, la chaîne d’informations ne pourra survivre que si BSkyB s’engage à rester son client pendant de longues années. Son entrée en Bourse est souhaitée par le gouvernement, mais les investisseurs sont loin de se bousculer.

Des fonds d’Abou Dhabi ont été cités, une hypothèse alimentée par un projet de chaîne d’information en arabe auquel BSkyB collabore. Sky News pourrait aussi finir en “acquisition-trophée pour un oligarque russe ayant un passeport britannique”, estime Joseph Lampel. Mais la solution aurait peu de chances de faire l’unanimité…

“Le processus prend plus de temps que prévu”, se borne à admettre le ministère de la Culture. Ce qui ne fait pas les affaires de News Corp. dont la proie vaut de plus en plus cher, avec un cours de Bourse en hausse de plus de 20% depuis sa première offre en juin dernier.