Pas de Facebook ou Twitter à l’antenne : le web s’émeut, le CSA applique la loi

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accueil de Twitter (Photo : Nicholas Kamm)

[31/05/2011 14:38:28] PARIS (AFP) Interdiction de citer Facebook ou Twitter à l’antenne au même titre qu’une lessive: l’analyse du CSA, au nom de la loi contre la publicité clandestine, suscite l’incompréhension des internautes pour qui les grands réseaux sociaux ne sont pas des marques comme les autres.

“Le CSA n?a pas compris que, avant d?être des marques, Twitter et Facebook sont des espaces publics où plus de 25% de la population française discutent et échangent des informations”, a souligné samedi le journaliste Benoît Raphaël sur son blog, au lendemain de la publication de l’analyse du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).

“Facebook ou Twitter (…) diffusent chaque jour des millions de messages qui sont utilisés comme instrument d?information et de dissémination par des millions de gens”, a ajouté Arnaud Mercier sur l’Observatoire du webjournalisme (http://obsweb.net/).

A la suite d’une question posée par une chaîne – dont l’identité n’a pas été révélée -, le CSA a considéré que “le renvoi des téléspectateurs ou des auditeurs à la page de l?émission sur les réseaux sociaux sans les citer présente un caractère informatif, alors que le renvoi vers ces pages en nommant les réseaux sociaux concernés” contrevient à un décret de 1992 prohibant la publicité clandestine.

“Il y a de l’incompréhension, a reconnu mardi auprès de l’AFP Christine Kelly, conseillère au CSA. Nous encourageons l’usage des réseaux sociaux, il n’est pas question de faire barrage. Les membres du CSA y passent des heures”.

“On souligne simplement, a-t-elle poursuivi, qu’il faut dire +retrouvez-nous sur les réseaux sociaux+ au lieu de +retrouvez-nous sur Facebook+. Mais ce n’est pas le CSA qui dit que c’est de la publicité clandestine, c’est la loi. Et nous sommes chargés de rappeler la loi”.

“Pourquoi faire de la promotion régulière pour un réseau qui lève des milliards de dollars comme Facebook et pas pour un autre qui a du mal à se faire connaître?”, a insisté l’ancienne journaliste de LCI. “Il y a Myspace, Skyblog, Bebo… des réseaux sociaux spécialisés. En privilégier un plutôt qu’un autre, c’est de la distorsion de concurrence”.

Ces dernières semaines, Twitter a souvent été cité sur les antennes, notamment lors de l’affaire Dominique Strauss-Kahn. Ce ne sera plus possible.

“On peut dire: +le ministre X qui s’est exprimé sur les réseaux sociaux+”, a plaidé Christine Kelly, soulignant que ceux-ci “ne sont pas des sources d’informations, ce sont des moyens dont les gens usent pour y diffuser de l’information”.

“Le CSA est conscient de l’importance de Facebook et de Twitter, a-t-elle insisté. Et peut-être qu’un jour Facebook deviendra un nom commun. Mais, pour le moment, c’est une entreprise commerciale, dominante certes, mais pas la seule”.

Afin de protéger le téléspectateur, la publicité est très réglementée en France, et selon la conseillère, “si on accorde le droit (d’être cité) à Facebook et Twitter, c’est ouvrir la boîte de Pandore, toutes les marques diront: +ils ont été cités, pourquoi pas nous+”.

Plusieurs internautes ont également fait remarquer que les conseillers du CSA n’étaient pas ou peu présents sur Facebook ou Twitter: “Nous utilisons tous les réseaux sociaux, répond-elle. Pour ma part, mon identité est cachée, on a un devoir de réserve. Nous sommes juges, on ne peut pas donner notre avis personnel, cela nous serait reproché. Mais cela serait également une faute professionnelle de ne pas y être”.