és grecs des télécoms manifestent devant le ministère des Finances à Athènes le 2 juin 2011 (Photo : Aris Messinis) |
[03/06/2011 10:49:53] LUXEMBOURG (AFP) Les négociations pour sortir la Grèce de sa crise budgétaire s’accéléraient vendredi, avec une nouvelle cure d’austérité attendue de la part d’Athènes en échange de prêts supplémentaires qui pourraient s’accompagner d’un effort des banques privées créancières.
“A mon avis et d’après ce que je sais, la Grèce va avoir droit à un nouveau programme” de prêts, mais “avec des conditions strictes”, a indiqué jeudi le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, en marge d’une remise de prix à Aix-La-Chapelle.
Le Premier ministre grec, Georges Papandréou, devait lui détailler les efforts supplémentaires envisagés par son pays en terme de privatisations et d’économies, lors d’une rencontre dans l’après-midi à Luxembourg.
Ces efforts sont depuis plusieurs semaines au coeur de négociations à Athènes avec des experts de la “troïka” composée de la Commission européenne, de la Banque centrale européeenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI).
Selon une source européenne, cette troïka pourrait elle aussi suggérer un nouveau programme d’aide, à l’occasion de la publication d’un rapport attendu également vendredi.
Les experts doivent évaluer l’avancement du plan de redressement des finances grecques auquel était conditionnée la promesse de 110 milliards d’euros de prêts sur trois ans déjà faite l’an dernier à Athènes par les Européens et le FMI.
à Bruxelles le 14 février 2011 (Photo : Georges Gobet) |
Leur rapport est crucial pour le versement ce mois-ci de la prochaine tranche de ces prêts, d’un montant de 12 milliards d’euros. Le paiement de la part du FMI notamment a été mis en doute, vu les difficultés auxquelles se heurte toujours la Grèce.
En principe, le pays devait recommencer l’année prochaine à se financer partiellement sur les marchés financiers, mais cela paraît improbable vu les taux d’intérêts toujours très élevés qu’ils lui réclament.
L’agence de notation financière Moody’s a estimé cette semaine à 50% le risque que la Grèce se retrouve en défaut de paiement dans les cinq ans.
Lorenzo Bini Smaghi, membre italien du directoire de la BCE, a chiffré à 60-70 milliards d’euros le besoin de financement de la Grèce pour 2012 et 2013, et donc le montant probable du prochain plan d’aide.
Jean-Claude Juncker a en tous cas assuré lundi vouloir “résoudre le problème grec d’ici la fin du mois”.
Les ministres européens des Finances se réuniront le 20 juin et les chefs d’Etats et de gouvernement de l’UE les 23 et 24 juin pour boucler le dossier.
Plusieurs dirigeants européens réclament de gros efforts en particulier sur les privatisations. Ils veulent de vraies assurances qu’elles vont commencer et une structure institutionnelle dédiée. L’Etat grec en retirerait 50 milliards d’euros d’ici 2015.
Parallèlement, Athènes est pressé d’économiser et d’améliorer la collecte de ses recettes fiscales.
Le gouvernement grec a déjà indiqué le 23 mai son intention de procéder à un tour de vis budgétaire supplémentaire. Les mesures d’économies seraient portées à 6,5 milliards d’euros en 2011, et de 22 milliards sur la période 2012-2015. Cela devrait ramener le déficit public à 7,5% du PIB en 2011 et à 1% en 2015.
Autre exigence, venant surtout de Berlin: la participation des créanciers privés de la Grèce.
Les banques créancières pourraient racheter d’autres obligations grecques quand celles qu’elles possèdent arriveront à échéance, un “rollover” dans le jargon financier.
La BCE a semblé se ranger jeudi à cette idée, son chef économiste Jürgen Stark y voyant “une façon d’impliquer le secteur privé dans le financement de la Grèce” dans un entretien au quotidien italien Il Sole 24 Ore.
(avec Dow Jones)