Dans l’article ci-dessous, Ali Bensouda, associé d’Edifice Capital, fait un lien étroit entre ce qui est convenu maintenant d’appeler “le printemps arabe“ et ce qu’il nomme “le printemps… des infrastructures“. C’est donc tout naturellement que nous avons jugé utile d’inclure cet article dans notre dossier “MEDIBAT“.
Depuis qu’une odeur de jasmin plane sur les contrées du sud de la Méditerranée, un effet collatéral semble être une prise de conscience des populations de ces pays au sujet des infrastructures, et particulièrement des infrastructures sociales. On a ainsi vu fleurir dans les manifestations et autres cortèges des revendications de services publics de qualité à un coût réduit.
Parallèlement aux demandes pratiques des populations, nous observons aussi une attention accrue des journalistes et des blogueurs locaux pour tous les marchés publics et concessions en cours. La corruption est mise à nue et les langues se délient pour faire barrage à tout comportement contraire à l’intérêt public.
Que cette évolution positive des mœurs soit insufflée par la rue (Tunisie, Egypte) ou par le pouvoir en place comme au Maroc, la tendance est irréversible et on ne peut que saluer la rapidité des changements structurels.
Devant cette citoyenneté nouvellement affirmée, les Etats font face à de nombreuses contraintes et leurs marges de manœuvre sont réduites. Il s’agit d’abord d’une contrainte budgétaire car ils ont dû ouvrir les vannes pour calmer la population (subventions des produits alimentaires, augmentation des fonctionnaires, etc.). C’est ensuite la raréfaction des aides internationales vu que les pays européens traversent eux-mêmes une crise grave des dettes souveraines. C’est enfin un manque criant de ressources humaines capables de gérer plusieurs projets étatiques d’envergure.
Le partenariat public-privé et plus particulièrement le contrat de partenariat, semble être l’outil idoine pour dépasser les contraintes tout en répondant aux attentes des populations. En effet, ce mode de contractualisation permet à la personne publique de s’assurer:
– de la fourniture d’infrastructures sociales de qualité dont la maintenance à long terme est prévue;
– du non dépassement des délais et des budgets;
– de l’amélioration de la gouvernance des projets.
Les Etats du sud ont tout intérêt à s’inspirer des meilleurs pratiques pour la mise en place de cet outil et notamment à travers:
– Une évolution législative (amendement) qui permette d’encadrer ce nouveau mode de passation des marchés publics à travers des dialogues compétitif;
– La mise en place d’une cellule PPP rattachée à un ministère de coordination (Primature, ministère des Finances) et ayant pour objectif de capitaliser une expérience étatique pour accompagner les différents établissements publics et collectivités régionales;
– La dynamisation du tissu industriel local en incitant des entreprises internationales intéressées par ce marché à transférer leur savoir-faire localement;
– Le renforcement des moyens de suivi (conseils techniques, juridiques et financiers) et de contrôle de l’Etat (élargissement des prérogatives de la Cour des comptes aux PPP).
L’accélération de ces réformes, déjà bien entamées dans certains pays (Egypte, Maroc), fera la différence entre ceux qui profiteront d’un printemps éternel et ceux qui basculeront en hiver.
Source: http://www.econostrum.info/Le-printemps-des-infrastructures_a5805.html