Depuis quelques semaines et sur certaines chaînes de télévision tunisiennes,
nous nous apercevons que M. Marzouki défend bec et ongles le
parti Ennahdha
et
évoque des incidents qui ont eu lieu dernièrement en Tunisie à l’instar de la
fermeture de bars, des manifestations, des slogans, etc., en disant que ce sont
des «salafistes» qui étaient à l’origine de ces faits.
Bien avant ces incidents, en voulant faire un discours à La Kasbah, il a été
contraint de quitter les lieux suite à une avalanche de pierres et de cailloux,
et nous avions appris que des «islamistes» étaient derrière ces troubles.
On sait que M.
Marzouki a été, tout au début de son retour en Tunisie, taxé
d’athéisme (kafer, molhid) quand il avait dit que la place de la religion est
exclusivement la mosquée. Il s’en est défendu et s’est défini comme étant un
laïc et a expliqué à maintes reprises le terme de laïcité au public, en
l’occurrence, les téléspectateurs.
De son côté, le Parti Ennahdha a fait des efforts pour expliquer ses principes
aux Tunisiens et parler de son programme, loin d’une image négative qui l’a
longtemps poursuivi.
Aujourd’hui M. Marzouki nous surprend par sa défense du parti Ennahdha. Il était
bien placé pour être à la tête d’un parti puissant, car beaucoup de Tunisiens se
voient dans le CPR et ses idées, et ils ont été surpris par un chef de parti
devenu plus nahdhaouiste qu’Ennahdha.
Cependant, il ne s’agit pas là de critiquer, ni d’écarter ce parti qui a
parfaitement le droit d’exister et de défendre ses intérêts, mais certains
trouvent cette alliance qui a manifestement un but électoral, une alliance
contre nature. En effet, elle pourrait être contre-productive pour M. Marzouki
et son parti, car un parti doit se forger lui-même une personnalité et non pas
chercher ici et là des «affinités» d’apparence et de conjoncture.
Peut-être M. Marzouki a-t-il une vision à long terme en ce qui concerne
l’élection présidentielle, une question de calcul/tactique politique. Mais il a
peut-être oublié les élections qui auront lieu très bientôt et qui sont d’une
importance capitale pour tout le monde.
Ne voulant être ni partial ni pessimiste, on pourrait craindre de voir comme
résultat à cela le peuple tunisien divisé entre AVEC ou CONTRE Ennahdha, et M.
Marzouki pourrait se retrouver pénalisé par les partisans d’Ennahdha car ils
voteront tout simplement Ennahdha et pas les autres car ils pourraient voir en
lui l’allié de ce parti.
Dans ces conditions, un scénario pourrait avoir lieu: M. Marzouki pourrait se
retrouver à la tête d’un tout petit parti comme des dizaines de partis créés
après le 14 janvier.
* Docteur en Histoire contemporaine de l’Université Paris 3.