Les Européens du sud travaillent plus et plus longtemps que les Allemands

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Une rue de Madrid (Photo : Pedro Armestre)

[04/06/2011 14:40:24] PARIS (AFP) Les Européens du sud travaillent beaucoup plus et parfois plus longtemps que les Allemands, selon une étude qui, statistiques à l’appui, bat en brèche de récents propos d’Angela Merkel fustigeant en pleine crise de la dette un laxisme social de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal.

“Les Allemands travaillent beaucoup moins (sur l’année, sur leur vie) que les Européens du sud. Ils ne travaillent pas non plus plus intensément”, écrit Patrick Artus, chef économiste de la banque française Natixis et rédacteur de cette étude qui s’appuie notamment sur des chiffres de l’OCDE et d’Eurostat.

La durée annuelle moyenne du travail d’un Allemand (1.390 heures) est ainsi beaucoup plus faible que celle d’un Grec (2.119 heures), d’un Italien (1.773 heures), d’un Portugais (1.719 heures), d’un Espagnol (1.654 heures) ou d’un Français (1.554 heures), attestent les chiffres publiés en 2010 par l’OCDE.

“La performance de productivité par tête de l’Allemagne est dans la moyenne des pays du sud, celle de la productivité horaire est au-dessus de la moyenne mais pas meilleure que celle de la France ou de la Grèce”, précise également Natixis.

Si l’âge légal de départ à la retraite est plus tardif outre-Rhin (65 ans actuellement, 67 ans dans le futur), les Portugais et les Espagnols travaillent de facto plus longtemps, avec un âge effectif moyen de départ en retraite de 62,6 et 62,3 ans, contre 62,2 ans pour les Allemands.

Les Grecs ne sont pas loin derrière (61,5 ans) et la réforme des retraites adoptée au printemps 2010 par Athènes, qui a porté l’âge légal de départ de 60 à 65 ans, vise à faire passer l’âge moyen à 63,5 ans d’ici 2015.

Seuls les Français (60 ans) et les Italiens (60,1 ans) partent actuellement en retraite deux ans plus tôt en moyenne que les Allemands, souligne encore l’étude, datée du 30 mai.

Mi-mai, la chancelière allemande Angela Merkel a fustigé les vacances et les systèmes de retraite des pays d’Europe du Sud, qu’elle juge bien trop généreux.

“Il faudrait que dans des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal, on ne parte pas à la retraite plus tôt qu’en Allemagne, que tous fassent un peu les mêmes efforts, c’est important”, avait dit Mme Merkel.

“Angela Merkel ne montre pas les vrais problèmes des pays du sud de la zone euro”, estime le chef économiste de Natixis.

La performance économique de l’Allemagne est due, selon M. Artus, à son effort d’innovation et de spécialisation dans l’industrie haut de gamme, à l’épargne élevée de son secteur privé et à sa main d’oeuvre très qualifiée par rapport à ses voisins du sud.

Berlin dépense par exemple plus que l’Espagne et le Portugal réunis dans la recherche: 2,82% de son produit intérieur brut (PIB), contre 1,38% à Madrid et 1,38% à Lisbonne. Les résultats ne se font d’ailleurs pas attendre: l’Allemagne dépose 70 fois plus de brevets que l’Espagne, le Portugal et la Grèce réunis.

Les entreprises et les ménages allemands épargnent en outre plus que ceux des pays du sud de la zone euro, ce qui explique les excédents extérieurs de Berlin, relève également l’enquête de Natixis.