à Paris (Photo : Bertrand Langlois) |
[07/06/2011 05:24:55] NEW DELHI (AFP) La ministre française des Finances, Christine Lagarde, était attendue mardi en Inde pour amadouer un incontournable pays émergent dans le cadre de sa campagne de candidature à la tête du Fonds monétaire international (FMI).
Elle devait rencontrer au cours d’une journée marathon le Premier ministre Manmohan Singh, le ministre des Finances Pranab Mukherjee ainsi que le président de la Commission au plan, Montek Singh Ahluwalia, selon une source ministérielle indienne.
Ironie du sort, Ahluwalia, considéré comme la cheville ouvrière de la libéralisation économique en Inde et âgé de 68 ans, était le plus sérieux candidat indien mais il a été écarté en raison des règles de limite d’âge qui imposent que les postulants à la tête du FMI aient moins de 65 ans.
érence de presse le 30 mai 2011 à Brasilia (Photo : Evaristo Sa) |
Après s’être rendue à Brasilia où elle s’est engagée à donner plus de poids aux pays émergents si elle était élue à la tête de l’institution financière, Christine Lagarde poursuit son opération séduction dans un autre pays membre du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
Ce groupe ainsi que d’autres pays en développement réclament un changement au FMI mais n’ont pu se mettre d’accord sur une candidature commune.
Les pays émergents critiquent la règle tacite depuis la fin de la deuxième guerre mondiale selon laquelle la présidence du FMI échoit traditionnellement à un Européen et celle de la Banque mondiale à un Américain.
L’Inde ne semble toutefois pas hostile à une candidature européenne. Le Premier ministre Manmohan Singh a ainsi affirmé la semaine dernière que l’Inde voulait que le meilleur candidat, “indépendamment de sa nationalité”, soit nommé à la tête de l’organisation.
“Elle va être reçue chaleureusement mais je ne suis pas sûre qu’elle recevra ouvertement un soutien indien”, a commenté Brahma Chellaney, du groupe de réflexion indépendant Centre for Policy Research à New Delhi. “Je pense que l’Inde va vouloir voir si le candidat mexicain est un concurrent crédible. Elle se couvre prudemment et ne prend pas position”, a ajouté cet analyste.
à la présidence du FMI |
Christine Lagarde a deux rivaux déclarés, le directeur de la Banque centrale du Mexique, Agustin Casterns, et celui de la Banque centrale kazakhe, Grigori Martchenko.
M. Carstens, qui s’est également rendu à Brasilia, doit poursuivre sa campagne en Chine et en Inde. Il se présente comme le candidat des pays émergents et en développement, qui appellent depuis de nombreuses années à une plus large représentation au sein du FMI.
Selon Uday Bhaskar, du centre de recherche en relations internationales Institute for Defence Studies and Analyses, la nationalité française de Mme Lagarde pourrait jouer en sa faveur, au regard des “relations d’empathie entre l’Inde et la France”.
“L’Inde a toujours vu la France comme un pays faisant preuve d’autonomie en Europe, concernant par exemple sa position à l’égard des Etats-Unis. Secrètement, l’Inde partage cette position”, souligne-t-il.
“Même si la position traditionnelle de l’Inde est de dire que le FMI ne devrait pas être toujours dirigé par un Européen, il est très peu probable que l’Inde, ou tout autre pays d’Asie, présente un candidat”, relève-t-il.
Christine Lagarde, considérée comme grande favorite, postule à la succession de son compatriote Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné après avoir été accusé du viol d’une femme de chambre d’hôtel à New York. Il a plaidé lundi “non coupable” devant un tribunal pénal de New York.