Dans son allocution devant un grand nombre d’hommes d’affaires à l’UTICA, ce
mardi 7 juin 2011, Yadh Ben Achour a qualifié la transition démocratique en
Tunisie d’ « anarchique ». Après quelques mois d’exercice, il semble que
certaines pratiques au sein de la haute instance pour la réalisation des
objectifs de la révolution, de la réforme politique et la transition
démocratique aient intimidé ce juriste chevronné connu pour son sang froid et
son grand professionnalisme.
M. Ben Achour qualifie la période actuelle d’« une transition vers la démocratie
», affirmant qu’il s’agit d’une période assez difficile caractérisée par
l’insécurité ainsi que par un aspect revendicatif contraignant.
Il est à noter que l’objectif de cette rencontre avec les hommes d’affaires
visait à fournir des éclaircissements sur la démarche politique du pays ainsi
que les attributions de la haute instance pour la réalisation des objectifs de
la révolution, de la réforme politique et la transition démocratique ainsi que
les problématiques qui se posent actuellement concernant les élections de
l’Assemblée Constituante.
Dans son intervention, le président de l’instance a déclaré que les débats au
sein de l’instance se sont caractérisés par une agressivité et une fermeture au
dialogue. « Les partis représentés dans l’instance ont été éduqués sous l’ancien
régime et se mettent toujours dans une posture défensive et ne savent pas
dialoguer en toute sérénité », lance-t-il. D’ailleurs, 13 membres de l’instance
ont condamné dans un communiqué l’existence de pratiques qui ne répondent pas à
l’esprit et aux principes de la révolution.
Il est aussi à rappeler que le représentant de l’association tunisienne des
juges s’est retiré de l’instance et que le parti Ennhdha a suspendu récemment
son adhésion à la haute instance.
Il a, ainsi, souligné que le report de la date des élections est la
responsabilité de toutes les parties politiques ainsi que celle des autorités
officielles. Selon M. Ben Achour, trop de temps a été perdu dans les
négociations autour de la composition de la haute instance de protection de la
révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique mais aussi
autour de l’article 15.
Le président de la haute instance a reconnu la présence de plusieurs difficultés
technique qui empêcheraient le déroulement des élections à la date préétablie,
surtout que la date du 24 juillet 2011 avait été décidée pour des éventuelles
élections présidentielles et non pour l’élection d’une Assemblée Constituante.
Rappelons que la haute instance a pu jusqu’à maintenant approuver deux décrets
qui concernent le système électoral et la création l’instance supérieure des
élections. Pour M. Ben Achour la tâche n’est pas facile et le chemin est encore
long. En attendant la proposition du gouvernement sur la date des élections,
prévue pour ce mercredi 8 juin 2011…