Après la dépollution de l’environnement politique, “pour voir plus clair” – bien que le chemin soit encore long – il est aussi important de se lancer effectivement dans la dépollution énergétique, pour respirer un air plus frais. Un nombre de programmes stratégiques dans le domaine environnemental et énergétique ont été lancés sous l’ancien régime et sont actuellement en cours de route. Bien qu’ils aient servi d’un étendard pour redorer l’image du régime, leur intérêt n’est pas à démontrer et leur réalisation relève de la plus haute importance.
Il s’agit entre autres du “Programme Environnement Energie”, un programme lancé en 2009 et jusqu’en 2014, dans le cadre d’un partenariat avec l’Union Européenne. La phase d’exécution durera six ans alors que deux ans seront consacrés à la clôture du programme.
Une journée d’informations a été consacrée à la présentation de ce programme, ce 9 juin 2011, rassemblant les différents intervenants. Le programme est financé à hauteur de 33 millions d’euros par l’Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat (IEVP) et il a été mis sous la tutelle de la Délégation de l’Union Européenne. Le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement et le ministère de l’Industrie et de la Technologie seront les premiers bénéficiaires. Le coordinateur national est le ministère de la Planification et de la Coopération internationale.
Réduire la pollution…
Selon Slim Belkahia, responsable national du programme, l’objectif est de réduire les émissions polluantes et de contrôler la consommation de CO2. Il cible quatre organismes publiques sous tutelle, à savoir le CITET (Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis), l’ANPE (Agence de Protection de l’Environnement), l’APAL (Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral), le ministère de l’Agriculture et de la Pêche et l’ANME (Agence Nationale de Maitrise de l’Energie).
M. Belkahia a affirmé au cours de son intervention que le secteur privé est également concerné, notamment les industriels et les hôteliers. Une centaine d’industriels seront sélectionnés par le biais du CITET pour suivre ce processus et obtenir une certification 14001 indispensable pour attaquer les marchés extérieurs.
De son côté, Stefano Corrado, expert en environnement et énergie à la délégation de l’Union Européenne en Tunisie a précisé que le programme permettra de fournir un appui à l’industrie tunisienne. Les bénéficiaires pourront s’équiper en matériels sophistiqués modernes et renforcer leurs capacités. Des contrats d’assistance technique seront établis pour mener différentes actions et études mais aussi des formations de formateurs.
Appui à la maîtrise de l’énergie…
L’appui au programme de maitrise de l’énergie de l’ANME visera essentiellement le renforcement des ressources financières du Fonds National de la Maîtrise de l’Energie (FNME) par une enveloppe de 16 millions d’euros. Il s’agit aussi de la bonification de la ligne de crédit AFD par une réduction du taux d’intérêt sur les prêts accordés aux entreprises pour leurs investissements dans la maîtrise de l’énergie.
Du côté du ministère de l’Agriculture et de la Pêche, il s’agit d’apporter une assistance technique pour la promotion de la culture du développement durable ainsi que le renforcement de la coordination entre les différentes structures régionales de l’environnement. On prévoit, avec l’ANPE, d’élaborer un cadastre des émissions atmosphériques dans les principales villes et agglomérations tunisiennes. Selon M. Corrado, cette composante est financée à hauteur de 2,5 millions d’euros et bénéficiera aux administrations, au secteur privé, à la société civile, et aux collectivités locales.
Reste que l’aspect régional est encore le parent pauvre des stratégies de l’Etat en matière environnementale et énergétique. Selon M. Belkahia, il n’y a pas de vision claire au niveau régional puisque toutes les stratégies sont faites au niveau national, sans estimation du potentiel énergétique régional. Avec le regain d’intérêt aux régions, il est important de rectifier cette tendance et de faire une évaluation par région qui permettra de diagnostiquer les zones selon leurs degrés de pollution, ce qui devrait permettre de pallier aux problématiques environnementales selon la spécificité de chaque zone.