Produit trop noble? Peut-être mais pas nécessairement, parce qu’il a fait son
apparition en Europe depuis plusieurs siècles. Un des rois de France avait même
décrété l’obligation de l’utilisation de cette matière dans les constructions, à
cause sans doute de son effet “stop feu“. Mais en Tunisie, la place du plâtre,
jusqu’à récemment, c’était toujours “en haut“ pour ne pas qu’on le touche.
Aujourd’hui, les mentalités ont changé, et on voit de plus en plus l’utilisation
du plâtre dans pratiquement toutes les constructions. Cependant, même s’il
existe aujourd’hui plusieurs entreprises spécialisées dans le domaine, les
professionnels estiment que l’utilisation –en termes de consommation- du plâtre
est encore lente. Jusque-là, ces entreprises n’arrivent pas à faire face à la
concurrence du ciment.
Ceci dit, avec la flambée des prix du ciment, les plâtriers espèrent grignoter
un peu plus de part de marché. Pour y parvenir, ils tentent de séduire les
consommateurs à travers la formation de maçons jusqu’à plus habitués et
familiarisés à la matière ciment qu’à autre chose. Histoire de faire bouger les
choses.
Ainsi, au cours des dernières années, des sociétés comme Knauf –qui a racheté la
société les Plâtres tunisiens en 2004- ou bien le groupe Hammami qui organisent
régulièrement des opérations de démonstration à destination du public. Toutes
ces entreprises sont convaincus qu’avec les atouts du plâtre, à savoir le fait
qu’il est “respirant“ (c’est-à-dire qu’il embrasse la température ambiante, ce
qui apporte du confort dans le lieu), “régulateur de l’humidité“ (ce qui permet
d’importantes économies d’énergie), “écologique“ (car pour produire une tonne de
plâtre, on émet seulement 200 Kg de CO2, alors que pour produire une tonne de
ciment, on émet autant de tonne de CO2). Encore deux autres atouts: le plâtre
s’avère être un important anti-feu et c’est un fertilisant. Ce qui est loin
d’être le cas du ciment.
Riadh Jebali, directeur général de Knauf Tunisie, estime la consommation
annuelle locale à 100.000 tonnes de plâtre, alors qu’on exporte deux ou trois
fois plus aujourd’hui. Et l’espoir de booster l’utilisation locale semble
permis. Car, à la différence des gisements du ciment, le sous-sol tunisien
contient des réserves de gypse évaluées à plusieurs siècles. Il faut juste que
la profession se mette à la formation de maçons qu’ils doivent conjuguer avec
des actions de promotion. Et si l’on en juge par les démonstrations réalisées au
Salon MEDIBAT et les foules que cela a drainées, on peut dire que c’est en bonne
voie.
En tout cas, le groupe Knauf en a fait une de ses priorités, et ce depuis fort
longtemps, en devenant l’acteur incontournable des marchés de la construction
sèche. Et comme argument de vente: «Confort, économie d’énergie, rapidité
d’exécution, qualité de finition, atmosphère agréable, large gamme technique et
esthétique…». Certains diront que ce n’est pas suffisant, mais il faut tout de
même commencer quelque part.