Tunisie : Texmed 2011, Espoirs et frustrations

texmed-13062011-art.jpgLe Salon euro-méditerranéen du textile et de l’habillement “Texmed 2011“ vient
de s’achever. Trois jours de rencontres professionnelles qui ont permis pour
certains de nouer des contacts d’affaires, prémices de partenariats entre
industriels tunisiens et donneurs d’ordre européens.

Depuis le premier jour, l’enthousiasme rayonnait sur les visages des
organisateurs. Un optimisme dû notamment au nombre d’exposants et à l’intérêt
manifesté par plusieurs pays européens pour le site Tunisie, à travers cette
manifestation. «Nous sommes satisfaits de la présence pour ce premier jour. Je
pense que ceci annonce, nous l’espérons, un bon déroulement du salon», indique
Lasaad Ben Jemaa, commissaire général adjoint de Texmed 2011.

Rappelons qu’il y a trois mois, l’instabilité sécuritaire dans le pays rendait
floues les perspectives économiques en Tunisie. La joie qui aurait du
accompagner la chute de l’ancien régime a été remplacée par une peur sourde et
non avenante. Le sentiment de survie avait alimenté nos nuits et meublé nos
jours. Plusieurs entreprises ont subi des dégâts considérables au niveau
matériel. D’autres se sont arrêtées pendant des jours et certaines ont fermé.

Une bonne ambiance…

Le secteur textile-habillement n’est pas en reste dans ce climat d’insécurité.
Mais s’agit-il plutôt des répercussions de la révolution. Grèves et sit-in ne
l’ont pas épargné. De grands groupes tunisiens comme aussi des étrangers
installés en Tunisie ont subi des revendications sociales, et donc contraints de
payer le prix de la paix et de la reprise du travail…

Cette révolution, a certes suscité l’admiration du monde entier et donné le coup
d’envoi au «printemps arabe», mais l’instabilité sécuritaire et politique
qu’elle a engendrée a, malheureusement, fortement entamé la confiance des
clients étrangers. Néanmoins, le maintien de l’organisation du salon Texmed
montre que le secteur continue de résister, étant l’un des secteurs ayant repris
le plus rapidement ses activités après cette période difficile.

D’ailleurs, pour le mois de mai 2011, les exportations ont augmenté de 18,03% et
les importations de 13,76% en valeur. La progression des échanges continue… !

Cette édition est particulière dans la mesure où elle vise à renouveler la
confiance des opérateurs dans le savoir-faire et le professionnalisme des
entreprises tunisiennes du secteur. Pour certains visiteurs étrangers, il s’agit
de voir ce qu’est devenue cette Tunisie, dont les images de violence, de grèves,
de manifestations ont meublé pendant des mois les headlines des journaux
télévisés. «J’ai trouvé un pays qui a renoué avec le calme et la sérénité. Bien
que le climat politique reste incertain, je pense que cette visite m’a permis de
voir plus clair ce qu’est devenu ce pays loin de ce que véhiculent les médias en
Europe», affirme un visiteur italien.

Pour les exposants tunisiens, cette édition constitue un double objectif:
montrer que la Tunisie maintient son intégrité et prouver que le savoir-faire
tunisien est resté intact. D’ailleurs, nos industriels n’ont pas été déçus. Zied
Jamoussi, directeur marketing de l’entreprise SILEX (Société Industrielle de
Lingerie à l’Exportation), a affirmé que l’ambiance a été bonne. «Nous avons pu
avoir huit contacts avec des donneurs d’ordre européens», se félicite-t-il.

L’incertitude persiste…

Un autre professionnel du secteur indique que l’ambiance au sein du salon était
d’un grand professionnalisme. De grands noms du secteur et des visiteurs
professionnels sont venus de France, d’Angleterre, d’Italie, etc. «C’est une
occasion pour rassurer les clients quant au climat général dans le pays et
montrer que les entreprises tunisiennes sont dans toutes leurs capacités»,
indique-t-il.

Mais il semble que certains clients soient encore incertains et restent
attentifs face à l’instabilité politique qui perdure et le report des élections
de l’Assemblée Constituante. Certains ont même transféré une partie de leurs
activités de la Tunisie vers d’autres pays voisins, craignant une aggravation du
climat sécuritaire. M. Jamoussi nous parle même d’un client espagnol qui aurait
décidé d’arrêter ses commandes durant la période des élections. C’est dire que
le pari n’est pas encore gagné!

Les entreprises tunisiennes subissent ces répercussions, qui ne sont pas dues
seulement à la révolution mais à un climat social tendu depuis de longues
années, trouvant dans le 14 janvier un respiratoire pour toutes ses
frustrations. «Nous avons eu des interruptions de production mais la reprise se
fait progressivement. Nous sommes actuellement en train de faire plus que nos
capacités pour regagner la confiance de nos clients. On subit l’insécurité et le
malaise social mais aussi la médiatisation qui nous pénalise», affirme un
industriel. br>

GGrosso modo, Texmed 2011 a montré que le secteur textile-habillement est en
mesure de surmonter la crise alors qu’il requiert une importance stratégique
pour l’économie tunisienne – il emploie plus de 200 mille personnes. «On est en
train de résister», clame un professionnel.