La volatilité des prix des matières premières agricoles et les crises
alimentaires seront au coeur des discussions du premier
G20 agricole présidé par
la France, les 22 et 23 juin. Il s’agira pour les pays membres de trouver des
réponses concrètes à ces enjeux planétaires.
Depuis 2007, l’économie mondiale est soumise à un risque accru de crises liées à
l’alimentation. En cause: les fortes et brutales fluctuations des prix des
denrées alimentaires de base. Face à cette réalité, la France a souhaité faire
de la question agricole une priorité de sa présidence du G20. Pour marquer son
engagement, elle réunira les ministres en charge de l’Agriculture et les
organisations internationales pour une réunion exceptionnelle, les 22 et 23 juin
à Paris. Objectif : limiter la flambée des cours qui nuit à la croissance
mondiale et menace la sécurité des pays en développement.
La France, tête de pont de la lutte contre l’instabilité des prix
Pour Bruno Le Maire, ce premier G20 consacré à l’agriculture mondiale “constitue
l’enceinte appropriée pour aborder ce problème de volatilité dans la mesure où
ses membres sont les acteurs majeurs des marchés pétroliers et agricoles”. En
effet, comme il le rappelle, “ces derniers représentent 54 % des surfaces
cultivées dans le monde et 77% de la production mondiale de céréales en 2008”.
La question sera abordée sous plusieurs angles. Sur le plan économique d’abord,
les variations brutales des cours nuisent à la croissance. Elles génèrent de
l’incertitude et limitent les capacités d’anticipation des acteurs du secteur.
Sur le plan de la sécurité alimentaire ensuite, elles provoquent des crises dont
les premières victimes sont les pays en développement. Enfin, la volatilité des
prix illustre le problème de l’encadrement des marchés des matières premières.
Ces derniers ne bénéficiant pas à ce jour de cadre de régulation spécifique et
adapté.
Des engagements forts pour mieux réguler le marché agricole
La France souhaite faire de ce sommet celui de l’action. “Le G20 agricole est
une chance, pas pour les pays membres du G20 eux-mêmes, mais pour l’ensemble des
pays de la planète. Je souhaite que nous puissions la saisir tous ensemble”, a
souligné Bruno Le Maire dans son discours devant l’Assemblée générale des
Nations unies le 17 février 2011.
Face à la nécessité de trouver “des solutions concrètes pour relever le défi
agricole mondial”, le ministre avance plusieurs pistes de travail.
La France entend notamment proposer la mise en place de règles communes pour la
régulation des marchés internationaux. “Réguler le marché, c’est améliorer son
fonctionnement et faire en sorte qu’il répartisse de manière plus efficace les
richesses”, explique le ministre. Pour cela, il faut avant tout améliorer la
transparence sur les stocks mondiaux existants, afin de lutter contre la
volatilité et la spéculation, et assurer une régulation des marchés dérivés de
matières premières agricoles. “Il s’agit d’améliorer les instruments de marché
existants en prévoyant par exemple des limites de position sur les marchés
agricoles mondiaux”, explique Bruno Le Maire.
Face aux crises alimentaires qui se multiplient, la France propose également
d’améliorer la coordination des politiques agricoles afin d’éviter des décisions
protectionnistes unilatérales. Le quatrième axe de travail avancé par la France
passe par un soutien actif des pays les plus touchés. Le gouvernement français
propose de développer des réserves humanitaires d’urgence, en lien avec le
Programme alimentaire mondial. Enfin, le G20 se penchera sur les moyens à mettre
en oeuvre pour permettre aux pays en développement de mieux se protéger contre
les fluctuations des prix : constituer des stocks régionaux ou opter pour des
nouvelles solutions d’assurance, par exemple.
Pour autant, “le G20 ne fera pas tout”, insiste Bruno Le Maire. “Il n’a ni la
légitimité, ni la capacité de régler à lui seul le problème”. S’il donne
l’impulsion politique, le travail sur ces problématiques doit être mené en
étroite coordination avec les organisations internationales. “Il s’agit que tous
ensemble nous trouvions une solution pour la faim dans le monde et la sécurité
alimentaire mondiale”.