Pas un bruit -ou presque- de camions. Pas un chariot élévateur en mouvement. Pas un bateau n’entre ou ne sort. Le port de Radès, habituellement grouillant de monde et de machines, pourtant premier port commercial du pays, était pratiquement à l’arrêt, désolant. Raison: les douaniers -ou certains d’entre eux- ne veulent pas de leur directeur général, et de ce fait ont décidé, tant pis pour l’économie du pays, d’observer un mouvement de grève pour le faire partir.
Ah cette révolution tunisienne, mais surtout cette liberté recouvrée! Par ce mouvement de grève, les douaniers ont montré que le discours de Béji Caïd Essebsi n’était pas le coran. En effet, il y a quelques jours, celui-ci affirmait qu’il n’y aura plus de grève dans le pays. Mais c’était sans compter sur les douaniers.
«Vraiment, nous avons autre chose à faire qu’à se battre. Et puis, quand on allume le feu on doit savoir que pour l’éteindre ça coûte énormément à notre économie», nous a déclaré un directeur commercial d’une société de transport maritime que nous avons rencontré au port de Radès où la grève des douaniers a paralysé toutes ses activités lundi 13 juin 2011.
Sous couvert de l’anonymat, notre interlocuteur accuse les inspecteurs et les hauts cadres de la Douane tunisienne d’être derrière cet appel à la grève. «Ils se cachent derrière le syndicat», tout en ajoutant: «… puisque Tahar Htira, DG de la Douane tunisienne, a entamé des actions d’assainissement, ces responsables corrompus craignent d’être parmi les suspendus. C’est pour cela qu’ils ont décidé de réclamer son départ».
Toujours selon notre interlocuteur, cette grève devrait engendrer des pertes énormes pour l’économie tunisienne, «mon entreprise pourrait perdre des milliers de dinars et des dizaines de clients à cause de cette grève. Il faut que ces douaniers sachent que cette action coûtera trop cher à notre économie», s’indigne-t-il.
Nous avons également rencontré un membre du Syndicat des agents de la Douane qui s’est félicité du suivi du 100% du mouvement de grève, comme partout dans le monde quand les syndicats appellent à la grève, c’est toujours réussi à des pourcentages très élevés. «Je vous assure que la grève est suivie par l’ensemble des douaniers du port de Radès et je vous informe également que cette grève est ouverte jusqu’au départ officiel du directeur général de la Douane tunisienne», explique le syndicaliste.
Pour finir, alors que le Syndicat accuse Tahar Htira d’être entouré par des responsables corrompus occupant des poste clé au sein de la Douane tunisienne et qui servent les intérêts de certaines parties, les autres acteurs dont les activités dépendent entièrement de la Douane, en l’occurrence les sociétés et compagnies de transport maritime, sont convaincus que le corps douanier est corrompu et que les hauts cadres de la Douane tunisienne défendront leurs intérêts par tous les moyens possibles et même ceux illégaux.