Elle connaît pertinemment l’importance capitale que revêt pour la Tunisie la
rive Nord de la Méditerranée: 80% de nos échanges se font avec elle, dont (ne
l’oublions pas) 80% avec la France!
C’est peut-être pour cela que Wided Bouchammaoui a choisi Paris pour participer,
il y a deux jours, à l’une de ses toutes premières tribunes hors de la Tunisie,
en tant que présidente de l’UTICA: “La Tunisie a toujours compté sur ses propres
moyens mais aussi sur l’appui de ses partenaires“, a-t-elle attesté. Et le
message est clair.
Il y a une dizaine de jours, tout ce que Yadh Ben Achour, président de la Haute
Instance, a trouvé à dire aux hommes d’affaires qui ont exprimé leur inquiétude
concernant la situation actuelle, c’est d’appeler à l’organisation d’un Congrès
commun de
l’UTICA et de l’UGTT! En réponse, Mme Bouchammaoui a joué la
diplomatie: “Les hommes d’affaires ne peuvent pas être écartés de toute
initiative concernant l’avenir du pays!“
Pratiquement le même jour, lors d’une conférence internationale de l’Association
des économistes tunisiens, Jalloul Ayed, ministre des Finances, a mis les
patrons devant un dilemme: près d’un million d’emplois devront être créés au
cours des sept prochaines années, ceci au moment où il demande aux entreprises
d’investir dans les projets à haute valeur ajoutée.
Les exemples se poursuivent à une vitesse folle car il faut dire que, depuis la
révolution, le patronat tunisien fait l’objet de toutes sortes de pressions qui
viennent s’ajouter au réflexe naturel de tout entrepreneur de s’inquiéter
jusqu’à en perdre le sommeil quand l’instabilité persiste.
On demande tout aux patrons et, comme une grande majorité des membres de l’UTICA
s’est rangée derrière Wided Bouchammaoui, c’est directement sur elle que pèsent
ces innombrables pressions. Pas encore indemne d’une crise interne très grave
qui a mis beaucoup de patrons face à face, la Centrale commence à peine à
trouver un peu de cette sérénité que permet le consensus (certes fragile) à
propos de la personne de Mme Bouchammaoui. Maintenant, c’est le retour au
travail et à un rythme convenable de production qui peine à passer.
Et ce n’est pas fini alors que beaucoup, croyant faire de la politique, parlent
déjà de “relecture“ des choix économiques sans sembler se rendre compte qu’une
telle étape est impossible sans d’abord reprendre le rythme. C’est que les
apprentis-politiques sont plus dangereux que les apprentis-sorciers car seule
leur volonté de puissance médiatique compte; alors que le diable, dans le monde
des affaires plus que tout autre, est dans le détail!