Hôte d’honneur de ce salon français dédié aux petites et moyennes entreprises françaises, la Tunisie y a poursuivi sa campagne de communication visant à convaincre les investisseurs de l’Hexagone à revenir en force.
«Aller en Tunisie ne veut pas dire délocaliser et encore moins tuer de l’emploi en France». Bon nombre de chefs d’entreprise tunisiens aurait pu paraître un tant soit peu moralisateurs, pour ne pas dire plus, en tenant de tels propos à un auditoire de patrons de PME français –prenant part à une conférence organisée jeudi 16 juin 2011 à Paris, en marge de “Planète PME“, un salon dédié aux petites et moyennes entreprises françaises dont la Tunisie était l’hôte d’honneur.
Mais dans la bouche de Slim Zeghal, cette incitation à peine voilée à ces businessmen à venir investir en Tunisie n’est guère parue déplacée. Car non seulement Altea Packaging était à l’origine une PME, mais parce qu’elle a pu devenir, en quelques années, leader de l’industrie de l’emballage souple sur la rive sud de la Méditerranée, justement en investissant dans plusieurs pays de la région –dont la France- pour y racheter des entreprises, sans pour autant réduire sa voilure en Tunisie où le groupe continue à se développer.
Et c’est en raison de l’exemplarité de la success story d’Altea Packaging que les autorités tunisiennes associent de temps à autre Slim Zeghal à leur campagne destinée en cette délicate phase post révolution à convaincre les investisseurs étrangers en général et français en particulier à reprendre le chemin de la Tunisie.
Le 11 mai dernier, le jeune homme d’affaires faisait partie de la délégation ayant accompagné Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et de la Coopération internationale, à la “Journée Tunisie“ organisée par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) et la Chambre de commerce et d’industrie de Paris. Jeudi 16 juin 2011, c’est à Abdelaziz Rassaa, ministre de l’Industrie et de la Technologie qu’il est venu prêter main forte, en compagnie de chefs d’entreprise français opérant en Tunisie et de divers responsables tunisiens (Kamel Belkahia, Neila Gongi, Hatem Turki, Férid Tounsi, etc.).
Alcatel Lucent a été la première entreprise à témoigner de son expérience tunisienne. Son représentant a surtout mis en exergue le fait que cette firme dispose en Tunisie «d’un centre d’excellence reconnu par le groupe, et qui développe des solutions exportées dans le reste du monde».
Patron d’Aérocolor (produits d’hygiène pour l’aéronautique et le milieu hospitalier), Jean-Jacques Lemoine est en train de bâtir une usine en Tunisie, deux ans après y avoir lancé une société commerciale vendant des équipements pour le traitement des déchets hospitaliers infectés. Outre la qualité de l’accueil –l’idée de son implantation en Tunisie s’est déclenchée, souligne-t-il, à la suite d’un entretien de deux heures avec un diplomate tunisien, Jean-Jacques Lemoine apprécie particulièrement que la Tunisian Foreign Bank (TFB, ex-UTB) ait accepté de financer son projet, contrairement aux banques européennes sollicitées. Aussi, ne regrette-t-il pas d’avoir choisi la Tunisie après l’avoir comparé à d’autres pays, dont l’Algérie, la Turquie et le Maroc.
Opérant dans le secteur des TIC, Genitech a installé sa filiale tunisienne au Parc d’El Ghazala où elle emploie actuellement près de 140 personnes pour la plupart «des bac+5 et plus», insiste Didier Plas, le président du groupe Genitech. Qui souligne la qualité des ressources humaines en Tunisie. «Les résultats techniques des recrutements sont meilleurs qu’en France».
Aux commandes depuis près de quatre mois, Tawfik Jelassi le nouveau président du Conseil d’administration de Tunisiana met en avant, quant à lui, l’amélioration déjà perceptible de l’environnement des affaires en Tunisie. «On travaille désormais dans la transparence. Il n’y a plus d’accord sous la table». M. Jelassi est d’ailleurs convaincu que «la Tunisie va connaître à l’avenir un taux de croissance très élevé», en raison de cette transparence et de la démocratie qui va s’y instaurer.
En attendant, elle devra faire face à quatre défis, observe le ministre de l’Industrie et de la Technologie: l’exportation –aujourd’hui à «40% de la capacité, mais devrait revenir à son niveau normal dans quelques semaines»-, les investissements directs étrangers qui ont baissé de 24%, le développement régional et l’emploi. Toutefois, concernant la difficulté du moment, M. Rassaa demeure optimiste quant à un retour rapide de la Tunisie sur le chemin de la croissance. Il n’en veut pour preuve que le fait que les intentions d’investissement ont progressé de plus de 20%.
Cette reprise, Jacques Torregrossa en perçoit lui aussi déjà les premiers frémissements dans son domaine. Après un mois et demi de calme plat, le directeur général d’Ubifrance Tunisie a vu les entreprises françaises s’intéresser de nouveau au pays dont il a la charge. Et après deux premières semaines qui ont vu des défections, les missions sur la Tunisie affichent désormais complet.
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