Après une première journée où ils étaient en proie au doute et dans l’expectative, en raison de la situation régnant en Tunisie, les TRE (Tunisiens résidents à l’étranger) sont revenus le lendemain pour conclure des transactions.
«La quasi-totalité des exposants ont réservé pour l’édition 2012». Kamel Landoulsi, initiateur du Salon de l’Immobilier Tunisien à Paris (SITAP), et Najoua Baccouche Ardin, commissaire général, ne pouvaient pas rêver de meilleure consécration de leurs efforts en vue de tenir la 4ème édition de cette manifestation, cinq mois après une révolution dont l’un des effets a été de déprimer davantage un marché immobilier qui l’était déjà passablement. Ce qui a poussé les opérateurs de ce secteur à venir plus nombreux qu’en 2010 au SITAP dans le but de compenser, au moins en partie, le manque à gagner des cinq derniers mois. Et cet espoir n’a pas été déçu.
Généralement très discrets sur leurs résultats, la plupart des exposants confient sur le bout des lèvres que leur moisson a été bonne. Deux seulement parmi eux chiffrent leurs performances. Un des rares promoteurs à avoir pris part aux quatre éditions du SITAP, Férid Hentati, ne cachait pas sa satisfaction à la fin de la quatrième journée.
Avec 155 «contacts» prometteurs au cours des trois premiers jours, ce vétéran de l’industrie immobilière juge son bilan «meilleur» que celui de 2010. Idem pour Kamel Landoulsi qui a pu vendre plus de la moitié de la quarantaine de logements proposés à la vente. La réussite de ces deux promoteurs a sinon un secret, du moins une explication: ils vendent principalement du logement économique ou moyen standing fortement demandés et, donc, facilement vendables.
Les opérateurs immobiliers spécialisés dans le standing et le très haut standing n’ont pas chômé durant le SITAP 2011, mais l’écoulement de leurs produits plus lent car les transactions sont plus longues à se concrétiser. Et cela n’étonne guère Mohamed Fendri, directeur général de la société Al Imrane (groupe Amen). «Avant de conclure, les gens préfèrent généralement visiter les lieux pour écarter toute suspicion. D’autant qu’ils vont investir des centaines de milliers de dinars».
Convaincu qu’un salon n’est pas un lieu de vente, mais de marketing, Mohamed Fendri trouve «pas mauvais» le bilan de la participation d’El Imrane au SITAP. Idem pour Mustapha Tlili, un opérateur de Djerba, qui espère lui aussi concrétiser les accords de principe conclus à Paris pendant le retour des TRE en Tunisie pour les vacances d’été.
Pourtant, parmi les exposants il y a un qui sort du lot. Car déterminé, après cette première participation, à ne plus remettre les pieds au SITAP. Il s’agit de l’Immobilère El Ksour, basée au quartier d’Ennasr à Tunis, et dont l’un des cogérants, Salem Damak, est déçu, non pas par l’impact commercial de la manifestation –puisque son stand a eu sa part de visiteurs-, mais par l’emplacement des stands, et «l’organisation de la circulation». Une critique que l’organisateur impute au fait que l’exposant mécontent a fait sa réservation tardivement, c’est-à -dire après que les meilleurs emplacements ont été affectés.
La quatrième édition du SITAP a-t-elle failli échouer? En tout cas, sa première journée a été mauvaise, de l’aveu même de la plupart des exposants. Moins nombreux que lors des premières journées des trois précédentes éditions, les visiteurs tunisiens sont venus non pas pour conclure l’acquisition d’un bien immobilier, mais pour chercher des réponses aux questions qu’ils se posent à propos de la situation et de l’avenir de la Tunisie après la révolution: «Où va-t-on? La sécurité a-t-elle été rétablie? Dans quel état se trouve l’économie?», résume Mme Dalila Koubaa, directeur central de l’exploitation à la Banque de l’Habitat –le plus grand exposant du SITAP depuis quatre ans.
«Beaucoup sont inquiets», souligne notre interlocuteur. Qui a constaté que cette peur s’est notamment traduite par une baisse des transferts financiers en direction de la Tunisie, en raison d’une perte de confiance dans les banques tunisiennes «suite aux images diffusées par la télévision et montrant l’argent trouvé dans les palais présidentiels». Aussi, les exposants se sont-ils trouvés contraints, durant cette première journée, de muer en psychologues et s’employer à fond pour rassurer les TRE sur la situation actuelle et l’avenir de leur pays et les inciter à y rentrer durant l’été et à y investir, notamment en achetant de l’immobilier.
Finalement, cet effort pédagogique a porté ses fruits. «Après une première journée où ils étaient en proie au doute et dans l’expectative, les TRE sont revenus le lendemain pour conclure des transactions». La BH en a justement été l’un des principaux bénéficiaires, avec une centaine de comptes épargne logement et l’octroi d’accords de crédits pour 1,5 million de dinars.