Et dans cette seconde partie, l’universitaire et sociologue, Ridha Boukraa, suite à l’échec de l’ancien modèle de développement, nous propose ce qu’il appelle “modèle de développement alternatif“.
La société civile s’est penchée, à son tour et à sa manière, sur le dossier de la restructuration de l’espace après la révolution du 14 janvier 2011. L’Association des responsables de formation et de gestion humaine dans les entreprises (ARFORGHE) a organisé avec un financement de la fondation allemande Konrad Adenauer –Stiftung (KAS) un séminaire sur le thème «Quelle politique sociale pour un pays de transition démocratique Cas de la Tunisie» (16-17 juin 2011).
Point d’orgue de ce séminaire, la communication faite par l’universitaire et sociologue, Ridha Boukraa sur le thème «transition démocratique en Tunisie et émergence d’un modèle du développement alternatif».
M. Boukraa s’est employé à monter deux choses. Premièrement, la révolution tunisienne est le résultat d’une restructuration de la représentation et de la perception de l’espace géographique, culturel, économique et social de la Tunisie. «La révolution c’est d’abord une nouvelle construction de l’espace et un nouveau vécu de la géographie de l’espace tunisien et de sa représentation», dit il.
Deuxièmement, le modèle de développement émergent se propose de transformer un espace clivé en intérieur/extérieur (Est-ouest ou plus simplement littoral régions de l’intérieur). A ses yeux, «la révolution a détruit le maping traditionnel et a engendré un remaping utopique révolutionnaire».
Au final, l’objectif est de construire, selon lui, un modèle de développement fondé sur un espace intégré et non clivé et dual, voire un modèle de développement alternatif avec des mécanismes économiques novateurs inédits et créatifs.
Globalement, le modèle alternatif, proposé par M. Boukraa, réhabilite le local (création d’entreprises locales, de banques locales…), recommande d’enclencher dans les douars et bourgades rurales une dynamique entrepreneuriale locale et suggère un modèle qui puisse surmonter l’exclusion de l’emploi et de l’investissement.
Pour garantir le bon fonctionnement d’un tel modèle alternatif, le sociologue énumère plusieurs facteurs à réunir en amont. Au nombre de ceux-ci, il cite: une planification ascendante (du local vers le central), une représentativité des acteurs régionaux (institution de la commune rurale) et la mise en place de décideurs budgétaires régionaux et l’arbitrage de l’Etat entre les régions décideuses.
Toujours selon M. Boukraa, le modèle alternatif ne peut réussir que lorsque certaines conditions sont assurées. Il s’agit d’éviter que le corporatisme de droite soit remplacé par un corporatisme de gauche en instaurant l’état de droit et la liberté individuelle d’entreprendre, d’éviter le fanatisme de droite et le fanatisme de gauche, de projeter les réformes institutionnelles dans l’espace d’un espace géographique unifié au niveau du topologique, du représentatif, du culturel et de l’économique.
Il faudrait, d’après lui, que l’économiste, le financier, le politique, ainsi que l’investisseur, l’employeur, intègrent dans leurs démarches et approches la dimension intégratrice de la géographie. L’ultime but est d’aboutir à la reconstruction en Tunisie d’un espace (le territoire du pays) unifié.