Grèce : Angela Merkel écartelée entre ses partenaires et ses électeurs

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ère allemande Angela Merkel le 25 mai 2011 à Berlin (Photo : Odd Andersen)

[22/06/2011 14:40:59] BERLIN (AFP) Face à la crise grecque et la nécessité d’un nouveau plan d’aide, la chancelière allemande Angela Merkel est prise en tenailles entre des partenaires européens qui la jugent trop exigeante et des députés allemands dont la grogne reflète l’inquiétude de l’opinion publique.

“Nous ne pouvons et nous ne devons pas nous laisser mener en bateau par nos partenaires européens”, a réclamé mercredi le député libéral Michael Link à Mme Merkel, venue exposer sa position sur ce dossier devant la commission des Affaires européennes du Bundestag.

“Il faut dégager au moins un début de majorité en Europe”, a rétorqué la chancelière qui, une heure durant, a dû se justifier d’avoir renoncé à aller plus loin dans sa demande d’une participation des créanciers privés au nouveau plan de soutien en cours de négociation pour la Grèce aux finances exsangues.

Cette participation, exigée par Berlin, “est soutenue par très peu de pays, par les Pays-Bas, en partie par les Finlandais”, a-t-elle expliqué.

Les députés allemands estiment qu’impliquer le secteur privé ferait mieux passer la pilule d’un deuxième plan de sauvetage en deux ans pour Athènes auprès d’une opinion publique allemande qui y est à 60% opposée, selon un récent sondage. L’Allemagne, première économie européenne, est aussi le plus gros contributeur aux plans d’aide de la zone euro.

“C’est un débat qui est très difficile à mener avec les citoyens dans nos circonscriptions”, reconnaissait récemment Thomas Dörflinger, député de la CDU, parti de Mme Merkel.

Le fait que ses partenaires libéraux aient à nouveau mis sur la table le thème des baisses d’impôts, auxquelles le ministre des Finances Wolfgang Schäuble s’oppose au nom de la rigueur budgétaire, n’arrange rien. Et permettait lundi à l’influent tabloïd Bild de titrer en Une: “De plus en plus d’Allemands s’interrogent: il y a de l’argent pour les Grecs, pourquoi pas pour moi?”.

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à Berlin (Photo : Barbara Sax)

La première proposition de M. Schäuble voulait que les créanciers privés échangent les obligations grecques qu’ils détiennent actuellement contre d’autres de maturité nettement plus éloignée. Mais pour la majorité de ses partenaires européens, elle allait trop loin.

La Banque centrale européenne (BCE) s’est aussi résolument opposée à cette solution, qui se serait apparentée à un défaut de paiement de la Grèce et aurait menacé selon elle la stabilité de toute la zone euro.

Dans ce contexte, “c’était un énorme succès de convaincre la France” de se rallier au principe de participation du secteur privé, a mis en avant Mme Merkel.

Les ministres des Finances de la zone euro l’ont adopté en début de semaine, dans une version très édulcorée: l’implication des banques devra être strictement volontaire.

Ce volontariat dénature la participation privée au rang de “blague”, ont dénoncé les députés de l’opposition. Les banques allemandes ont d’ailleurs déjà commencé à poser leurs conditions.

Longtemps opposée à la BCE sur la question, Mme Merkel a fait sienne mercredi l’argumentaire de l’institution monétaire, évoquant le scénario catastrophe d’une restructuration de la dette grecque qui conduirait à un écroulement du système bancaire grec, avec des effets de contagion à toute l’Europe.

“Du côté allemand nous ne pouvons rien faire qui entraîne d’énormes dangers”, a-t-elle dit. “Je ne veux pas prendre cette responsabilité”.

Au député social-démocrate Michael Roth qui lui enjoignait d’en faire plus, elle a répondu: “J’ai le choix entre vous écouter vous ou écouter la BCE, j’ai choisi de ne pas me priver de l’expertise de la BCE”.