Dernier obstacle pour Mario Draghi avant de pouvoir présider la BCE

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ère allemande Angela Merkel, le 16 juin 2011 à Berlin (Photo : Hannibal Hanschke)

[23/06/2011 12:12:31] BRUXELLES (AFP) L’Italien Mario Draghi doit en principe être adoubé jeudi lors d’un sommet de l’UE à la tête de la Banque centrale européenne (BCE), mais une incertitude subsiste car la France souhaite obtenir des assurances sur sa représentation au directoire de l’institution.

A en croire le quotidien américain Wall Street Journal, la France menace de provoquer un report de la nomination formelle de M. Draghi, prévue normalement pour intervenir dans la soirée lors de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne.

M. Draghi doit remplacer le Français Jean-Claude Trichet en novembre.

Si Paris soutient sans réserve sur le fond la candidature de M. Draghi, les autorités françaises veulent être sûres de récupérer un poste au sein du directoire de l’institut monétaire de Francfort occupé par un autre italien actuellement, Lorenzo Bini Smaghi. Ce qui pour l’heure n’est pas acquis car M. Smaghi rechigne à quitter son poste.

La France soutient “sans ambiguïté” l’Italien Mario Draghi mais, sans menacer de bloquer sa nomination, elle veut obtenir des assurances pour être représentée dans l’organe de direction de la Banque centrale européenne, a indiqué jeudi un diplomate européen s’exprimant sous couvert de l’anonymat.

“Si M. Draghi succède à Jean-Claude Trichet en novembre, l’Italie se retrouvera avec deux représentants dans l’organe de direction de la Banque et la France n’en aura aucun”, a souligné ce diplomate.

Paris ne compte pas bloquer la nomination de M. Draghi ni poser un ultimatum aux autorités italiennes mais elle attend “un geste” de Rome.

“La situation n’est pas claire pour ce soir”, a ajouté une autre source diplomatique.

Le directoire de la BCE comprend le président, le vice-président et quatre autres membres, tous choisis parmi des personnes ayant une autorité et une expérience professionnelle reconnues en matière monétaire ou bancaire. Avec les dirigeants des banques centrales nationales de la zone euro ils constituent le conseil des gouverneurs.

Parmi les sept membres du directoire figure actuellement l’Italien Lorenzo Bini Smaghi dont le mandat n’expire que dans deux ans, en 2013.

La semaine dernière, le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi a demandé à M. Bino Smaghi de démissionner pour faire place à un représentant français.

Mais Lorenzo Bini Smaghi n’a pas, jusqu’ici, obtempéré. Il ne s’est pas exprimé à la suite de cette demande, mais avait fait savoir, auparavant, qu’il entendait aller au bout de son mandat, soulignant que le statut de la BCE garantit son indépendance et protège ses membres “contre leur révocation arbitraire”.

“C’est compliqué”, a reconnu un diplomate européen en expliquant qu’il “faut trouver un point de chute” à M. Bini Smaghi.

Mario Draghi, vice-président de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs de 2002 à 2005 puis gouverneur de la banque centrale italienne, est appelé s’installer à Francfort dans une période délicate pour la zone euro, dix ans après la naissance de la monnaie unique.

Sous les huit années de présidence de Jean-Claude Trichet, la BCE a fait de la lutte contre l’inflation sa priorité mais a su, ces derniers temps, faire preuve de créativité face à la récession mondiale puis à la crise de la dette qui fait vaciller la zone euro.

Jusqu’ici, “Super Mario” s’est placé sur la même ligne que son prédécesseur en s’opposant à toute forme de défaut de paiement de la Grèce et à toute restructuration de sa dette.