L’Institut National de Normalisation et de Propriété Industrielle (INNORPI) a présenté, ce mardi 22 juin 2011, la stratégie nationale de normalisation pour la période 2011-2015, et ce lors d’un séminaire organisé pour l’occasion. Une stratégie qui a le mérite, selon ces concepteurs, de fixer un programme de travail permettant de cerner les différents aspects de la normalisation en Tunisie.
«Auparavant, on naviguait à vue. Nous n’avions pas de bases sur lesquelles s’appuyer pour travailler et pour avancer», nous confie Aymen Mekki, directeur général de l’INNORPI. Le diagnostic qui a été effectué par des experts du domaine a révélé des lacunes auxquelles la stratégie voudrait pallier.
Lacunes structurelles…
Samir Ben Cheikh, directeur de la normalisation au sein de l’INNORPI, nous a indiqué que ces lacunes relèvent d’une faiblesse dans la participation dans les comités techniques à l’échelle internationale.
Cette participation devrait consolider davantage le positionnement de la Tunisie dans l’élaboration des normes et dans l’expression de ses besoins en la matière. «Ceci nous permettra de prendre connaissance des normes pour les appliquer au fur et à mesure et permettre aux industriels de se préparer et d’adapter leurs stratégies de production», précise M. Ben Cheikh.
Il s’agit également d’une faiblesse dans la connaissance des normes de la part des entreprises; ce qui constitue une lacune dans leur déploiement à l’échelle internationale. Un constat qui serait dû aussi à une faible participation des entreprises dans les activités de normalisation. Notre tissu industriel étant composé majoritairement de PME, il ne dispose pas d’assez de cadres et de compétences pour participer aux comités techniques. Ce qui constitue une lacune de plus.
Conformité…
M. Ben Cheikh nous affirme qu’il s’agit aussi d’accélérer le rythme de suppression des normes obligatoires, prévue en juin 2014. Elles sont 919 normes qui devraient se transformer en procédures techniques, à l’instar de ce qui se passe dans les pays de l’Union européenne. L’objectif de cette suppression est de se conformer aux lois européennes. Le responsable de l’INNORPI nous informe que ceci est en cours d’étude par l’établissement.
Ajoutons à cela une faible implication des laboratoires dans l’élaboration des normes, ce qui fait que la vente des normes n’est pas à la hauteur des attentes et que le nombre d’entreprises qui achètent les normes est assez faible.
D’un autre côté, la coordination entre les ministères dans les activités de normalisation constitue un grand obstacle. Il est, ainsi, prévu la mise en place d’un coordinateur dans chaque ministère pour assurer la cohésion des procédures entre les différents intervenants. En outre, on vise à renforcer l’implication des chercheurs dans le processus d’élaboration des normes, afin de booster l’innovation et créer une complémentarité entre la recherche scientifique et les activités de normalisation.
Communication…
La stratégie nationale de normalisation visera à définir des objectifs qui collent avec la réalité du marché en Tunisie et les besoins des entreprises. «Elle nous fournit un cadre plus précis dans la détermination des besoins et la consolidation de l’orientation de l’Etat dans le domaine», souligne M. Mekki. Des guides d’applications seront fournis, la formation des compétences sera renforcée, et il y aura la création des comités de réflexion. De même pour l’activité de la certification. Une démarche qui permettra de promouvoir la qualité des produits tunisiens et des exportations.
La première étape serait de communiquer sur cette stratégie. Pour M. Ben Cheikh, le séminaire organisé, ce 22 juin 2011, est une première étape. Il s’agit d’impliquer les différents partenaires, qu’ils soient des administrations publiques ou des industriels, dans la validation de cette stratégie en donnant leurs avis et en proposant des idées. «C’est une feuille de route qu’il faut préparer minutieusement en concertation avec toutes les parties concernées», estime-t-il.
De son côté, Férid Tounsi, directeur général de l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII), a appelé les entreprises à adhérer à cette stratégie, considérant que la normalisation est l’une des clés de l’internationalisation. «Il faudrait développer la culture de la normalisation et promouvoir le partenariat entre l’administration et le secteur privé. L’intérêt existe mais il n’est pas suffisant», observe-t-il.
Pour un tissu industriel composé de 5.000 entreprises exportatrices, parmi un total de 6.000, l’intérêt de se conformer aux règles du marché européen, qui est notre premier marché, est primordial. La normalisation et la certification aussi sont des outils qui permettront à nos entreprises de mieux consolider leur positionnement mais aussi leurs prestations. L’élaboration de normes tunisiennes est aussi un challenge. Selon les estimations de l’INNORPI, on comptera 15.000 normes tunisiennes à la fin 2011. Jusqu’au mai 2011, on comptait 14.280 normes.
Dans cette période transitoire, l’appui à l’économie est très important pour réaliser les objectifs de développement pour notre pays. L’innovation dans le secteur industriel est inéluctable pour attaquer les marchés extérieurs et permettre à l’industrie tunisienne de réaliser des avancées.