Tunisie : Les stages en entreprise… Un parcours du combattant

Les stagiaires ne bénéficient pas toujours de l’intérêt de l’entreprise qui les
accueille. Une réalité qui mérite d’être évoquée à l’heure où de nombreux
étudiants et autres demandeurs d’emploi se ruent sur les entreprises pour
accomplir un stage plus ou moins prévu dans leur cursus.


La scène se déroule, en France, au milieu des années quatre-vingt. Samir B.A.,
étudiant en sciences de gestion, est réveillé à 7 heures 30 du matin par le
directeur général d’une société de transport.

«Vous êtes bien M. Samir B.A?», interroge le directeur général de la société.
«Oui», répond Samir B.A., aujourd’hui consultant international à Montréal,
spécialisé dans le flux des marchandises.

«Je viens d’étudier le rapport de stage que vous avez accompli, il y a quelques
jours, dans notre entreprise. Il y a quelques idées que je souhaite pouvoir
étudier avec vous afin de voir, ensemble, les possibilités de les mettre à
exécution. Pouvez-vous venir à 13 heures? Je vous invite à un déjeuner dans mon
bureau. Merci et au revoir». «D’accord», répond, mollement, le jeune diplômé
tunisien d’une école de gestion marseillaise.

«Je m’attendais à ce qu’on m’appelle pour que l’on me demande de venir chercher
les quelques 500 francs français de l’époque (50 dinars tunisiens) rétribuant
les stagiaires. Mais aller jusqu’à être invité par le chef de l’entreprise à
déjeuner pour discuter de la mise en place des propositions contenues dans mon
rapport de stage concernant la rationalisation l’accès au marché espagnol,
c’était impensable!», se souvient encore Samir B.A.

Des cellules dédiées aux stagiaires


Qui ajoute: «Je suis sorti du bureau du PDG avec un contrat en poche et un
salaire de 5.000 francs (environ 500 dinars de l’époque) pour un travail à
mi-temps. Et inutile de préciser que j’ai très vite gravi les échelons pour
devenir directeur de la recherche et du développement de cette société au bout
de six ans».

Difficile d’entendre une histoire pareille en Tunisie! Où les stagiaires ne
bénéficient pas toujours de l’intérêt de l’entreprise qui les accueille. Une
réalité qui mérite d’être évoquée à l’heure où de nombreux étudiants et autres
demandeurs d’emploi se ruent sur les entreprises pour accomplir un stage plus ou
moins prévu dans leur cursus.

Premier angle pour évoquer les stages en entreprise: l’accueil. D’abord, une
réalité: si presque toutes les entreprises disposent d’un service de ressources
humaines, qui intègre la fonction formation, rares sont celles qui ont créé des
cellules dédiées aux stagiaires.

Un des premières difficultés des stagiaires lorsqu’ils arrivent dans une
entreprise est leur prise en charge. Souvent le service ressources humaines s’en
occupe. Mais ce dernier n’est pas toujours outillé pour le faire. «Entre les
recrutements et les départs à la retraite, l’organisation de la formation, la
gestion des retards et des absences, la gestion de la paye et autres fonctions
dont il a la charge, le service des ressources humaines n’en a presque cure des
stagiaires», reconnaît un enseignant à l’ISG (Institut Supérieur de Gestion) de
Tunis qui a animé de nombreuses formations dans des entreprises tunisiennes.

Même pas un fauteuil à accorder à un stagiaire

Ce service n’a pas, quelquefois, les moyens de recevoir les stagiaires et de les
«confier au service concerné». Souvent vivant à l’étroit, quelques entreprises
n’ont même pas de fauteuil à accorder à un stagiaire.

«Rien à voir, se souvient, M. Samir B.A, avec l’entreprise française que j’ai
fréquentée», avant de préciser: «Je me rappelle que le jour où j’ai débarqué
dans cette entreprise française de transport, qui était une
PME, les gardiens
situés à l’entrée avaient déjà connaissance de mon arrivée».

«J’ai été tout de suite reçu par le directeur de la formation qui m’avait
largement briefé sur mon séjour dans l’entreprise: horaire, pause-déjeuner,
tickets restaurant, tenue vestimentaire, place de parking, …). Il m’avait fait
signer un document comportant les points inscrits dans ce premier. J’ai compris
plus tard que l’objectif était que je ne puisse pas dire un jour que je n’ai pas
été au courant de tel ou tel point concernant mon séjour dans l’entreprise. Les
choses étaient, donc, précisées dès le départ», poursuit-il.

«Le responsable de la formation m’avait confié tout de suite après à mon
encadreur qui devait superviser mon stage et suivre, donc, l’évolution des
tâches qu’il devait me confier», conclut M. Samir B.A.

Mais le plus important n’est pas l’accueil du stagiaire, c’est la gestion du
stage en lui-même. Nous y reviendrons.

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