Dernier obstacle à la nomination de Mario Draghi à la tête de la BCE, reportée d’un jour

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ège de la Commission européenne à Bruxelles le 2 mai 2011 (Photo : Georges Gobet)

[23/06/2011 21:59:20] BRUXELLES (AFP) La nomination de l’Italien Mario Draghi à la tête de la Banque centrale européenne, censée n’être qu’une formalité, a été reportée à vendredi et doit surmonter un obstacle de dernière minute lié à l’exigence de la France d’être représentée dans l’exécutif de l’institution.

“Cela n’a pas été discuté (…) on en discutera demain et on décidera demain” au second jour du sommet européen, a déclaré jeudi soir à la presse le président de l’Union européenne (UE) Herman Van Rompuy.

Interrogé sur la décision des chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Bruxelles, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a également répondu: “Demain, demain”.

Selon une source diplomatique, la France est à l’origine de ce report.

Le gouverneur de la Banque d’Italie, officiellement soutenu par tous les pays, y compris la France, avait déjà été adoubé le 16 mai par les ministres des Finances de la zone euro. Le Parlement européen, appelé à donner un avis consultatif sur sa nomination, a aussi donné son feu vert par un vote en séance plénière jeudi.

Mais depuis quelques jours, une incertitude plane, liée à la place de la France dans le directoire de l’institution de Francfort.

Mario Draghi devrait remplacer le Français Jean-Claude Trichet le 1er novembre.

Cela signifierait qu’il n’y aurait alors plus de Français au sein de l’instance exécutive de la BCE, tandis que deux Italiens y siègeraient: Mario Draghi et Lorenzo Bini Smaghi, dont le mandat ne prend fin qu’en 2013.

Les autorités françaises veulent être sûres de récupérer le poste de Lorenzo Bini Smaghi, au nom d’une “règle non écrite” qui veut que les grands pays soient représentés dans le directoire.

“Je sais qu’il y a des attentes françaises (…) qui impliquent le renoncement de M. Bini Smaghi”, a confirmé jeudi soir le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Mais “la règle veut que les membres du directoire sont nommés pour huit ans, et c’est à eux de décider” s’ils veulent partir prématurément, a-t-il souligné.

La France soutient “sans ambiguïté” Mario Draghi mais, sans menacer de bloquer sa nomination, elle veut obtenir des assurances pour être représentée dans l’organe de direction de la BCE, avait indiqué jeudi matin un diplomate européen s’exprimant sous couvert de l’anonymat.

Le directoire de la BCE comprend le président, le vice-président et quatre autres membres, tous choisis parmi des personnes ayant une autorité et une expérience professionnelle reconnues en matière monétaire ou bancaire. Avec les dirigeants des banques centrales nationales de la zone euro, ils constituent le conseil des gouverneurs.

La semaine dernière, Silvio Berlusconi avait publiquement demandé à Lorenzo Bini Smaghi de s’effacer au profit d’un Français.

Mais le membre italien du directoire n’a pas, jusqu’ici, obtempéré. Il ne s’est pas exprimé à la suite de cette demande, mais avait fait savoir auparavant qu’il entendait aller au bout de son mandat, soulignant que le statut de la BCE garantit son indépendance et protège ses membres “contre leur révocation arbitraire”.

“C’est compliqué”, a reconnu un diplomate européen en expliquant qu’il fallait “trouver un point de chute” à Lorenzo Bini Smaghi.

Mario Draghi, vice-président de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs de 2002 à 2005 puis gouverneur de la banque centrale italienne, est appelé s’installer à Francfort dans une période délicate pour la zone euro, dix ans après la naissance de la monnaie unique.

Pendant les huit années de présidence de Jean-Claude Trichet, la BCE a fait de la lutte contre l’inflation sa priorité mais a su, ces derniers temps, faire preuve de créativité face à la récession mondiale puis à la crise de la dette qui fait vaciller la zone euro.