ésident du Conseil Européen Herman Van Rompuy et le président de la commission européenne Jose Manuel Barroso, le 24 juin 2011 à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[25/06/2011 08:51:52] WASHINGTON (AFP) L’incapacité des Européens à trouver une solution convaincante à la crise économique en Grèce suscite l’impatience des Etats-Unis, pays où le soutien à Athènes fait débat.
Cela fait plus d’un an que la communauté financière et la classe politique américaines gardent un oeil inquiet sur cette tragédie et ses rebondissements, suivant dans la presse la chronique des tiraillements entre la France, l’Allemagne, la Finlande et d’autres.
“Les Etats-Unis suivent la crise de l’euro depuis le début. Ils ont compris le potentiel explosif qu’elle pourrait avoir sur le monde et l’économie américaine”, souligne Domenico Lombardi, économiste de la Brookings Institution à Washington.
Mercredi, le président de la banque centrale (Fed), Ben Bernanke, a prévenu qu’il surveillait attentivement la crise. Car si la Grèce reniait du jour au lendemain une partie de sa dette, “les effets sur les Etats-Unis seraient tout à fait considérables” par le biais des tensions sur les marchés financiers.
Stressante pour Wall Street, la crise grecque est aussi un enjeu politique à Washington.
Deux mois après le lancement du plan international d’aide à Athènes, le Congrès avait glissé dans la loi de réforme de la régulation financière une disposition exigeant du gouvernement qu’il s’oppose à tout versement du Fonds monétaire international s’il y avait une chance que l’institution ne soit pas intégralement remboursée.
Or pour certains parlementaires, ce risque est élevé aujourd’hui avec la Grèce, et la loi devrait s’appliquer, bloquant tout nouveau déboursement du FMI.
“La probabilité d’une perte effective est minuscule” et ce discours ressort de “la rhétorique politique”, fait remarquer Jacob Kirkegaard, économiste au Peterson Institute à Washington.
Officiellement, le gouvernement américain reste sur la même ligne depuis le départ: il demande à la Grèce des “réformes” qui assureront le retour de la croissance. Mais il a fait part de son agacement.
“Je pense qu’il serait très utile que l’Europe parle d’une seule voix, une voix claire”, disait mardi le secrétaire au Trésor Timothy Geithner. “Il est très dur pour les gens qui investissent en Europe de comprendre quelle est la stratégie quand on a autant de voix différentes”.
Il y a “une frustration croissante” aux Etats-Unis, souligne M. Lombardi. Contrairement à d’autres crises de la dette, Washington n’a pas un seul interlocuteur, comme le gouvernement mexicain par le passé, mais une multitude.
Eléments cruciaux, le débat politique allemand sur la participation des créanciers privés ou la détermination du gouvernement français à protéger ses banques d’éventuelles pertes offrent des nuances difficiles à saisir de l’autre côté de l’Atlantique.
Les Etats-Unis doivent aussi composer avec des instances communautaires (Commission et Banque centrale européennes) qui prennent parfois le contre-pied des gouvernements.
Mais “nous avons été bien informés”, estimait M. Bernanke jeudi.
A en croire le marché de l’assurance de crédit, la probabilité que la Grèce ne rembourse pas toute sa dette publique est de plus en plus forte. Le débat américain se concentre donc de plus en plus sur les dégâts que cela occasionnerait au système financier national.
“Peut-être que la dette grecque a besoin d’être restructurée, et que les gens qui la détiennent vont devoir subir quelques pertes”, prévenait vendredi la présidente de la FDIC, l’un des régulateurs bancaires américains, Sheila Bair.