Plus d’un milliard de personnes handicapées se heurtent à des obstacles quotidiens

L’Organisation mondiale de la Santé et la Banque mondiale viennent de publier de
nouvelles estimations mondiales selon lesquelles plus d’un milliard de personnes
seraient atteintes d’une forme ou d’une autre de handicap. Elles ont invité
instamment les gouvernements à accélérer les efforts pour permettre l’accès aux
services de base et à investir dans des programmes spécialisés qui permettent
aux personnes handicapées de réaliser pleinement leur potentiel.

Une vue d’ensemble de l’état du handicap dans le monde

Le premier Rapport mondial sur le handicap jamais publié contient les premières
estimations mondiales du nombre de personnes handicapées sur 40 ans et donne une
vue d’ensemble de l’état du handicap dans le monde. Les nouvelles recherches
montrent que pratiquement un cinquième du nombre estimatif total des personnes
handicapées, soit de 110 à 190 millions, se heurtent à des difficultés
importantes.

Le rapport souligne que peu de pays ont mis en place des mécanismes adéquats
pour répondre aux besoins des personnes handicapées. Ces obstacles vont de
l’ostracisme et de la discrimination au manque de services de santé et de
réadaptation, en passant par un manque d’accès aux moyens de transport, aux
bâtiments et aux technologies de l’information et de la communication. De ce
fait, les personnes handicapées sont en moins bonne santé, réussissent moins
bien leurs études, ont moins de possibilités d’emploi et connaissent des taux de
pauvreté plus élevés que les personnes valides.

«Le handicap fait partie de la condition humaine», a déclaré le Directeur
général de
l’OMS, le Dr Margaret Chan. «Chacun d’entre nous ou presque sera
handicapé temporairement ou de façon permanente à un moment de sa vie. Nous
devons faire davantage pour lever les obstacles qui excluent les personnes
handicapées, les contraignant dans bien des cas à vivre en marge de la société».

D’après Robert B. Zoellick, Président du Groupe de la Banque mondiale, «répondre
aux besoins en matière de santé, d’éducation, d’emploi et de développement des
personnes handicapées est une condition indispensable pour atteindre les
objectifs du Millénaire pour le développement». «Nous devons aider les personnes
handicapées à avoir accès de façon équitable aux possibilités de participer et
de contribuer à la vie de leurs communautés. Elles ont en effet beaucoup à
offrir si on le leur permet».

Principales conclusions et recommandations

Le rapport montre que la probabilité pour les personnes handicapées de juger les
compétences des agents de santé inadaptées à leurs besoins est deux fois plus
élevée, et celle de signaler s’être vu refuser les soins de santé dont elles ont
besoin presque trois fois plus élevée que pour les personnes valides. Dans les
pays à faible revenu, les personnes handicapées ont 50% de risques
supplémentaires d’être confrontées à des dépenses de santé catastrophiques.

Les enfants handicapés sont moins susceptibles d’aller à l’école et ont moins de
chances de rester scolarisés que les enfants valides. Dans les pays de
l’OCDE
(Organisation pour la Coopération et le Développement économiques), le taux
d’emploi des personnes handicapées (44%) représente un peu plus de la moitié de
celui des personnes valides (75%).

Le rapport recommande aux gouvernements et aux partenaires du développement de
donner aux personnes handicapées accès à tous les services de base, d’investir
dans des programmes et des services spécifiques pour les personnes handicapées
qui en ont besoin et d’adopter une stratégie et un plan d’action nationaux pour
le handicap. En outre, les gouvernements devraient s’efforcer de sensibiliser
davantage et de mieux faire comprendre ce qu’est le handicap, et soutenir
davantage la recherche et la formation dans ce domaine. Il est important
également que les personnes handicapées soient consultées et associées à la
conception et à la mise en oeuvre de ces efforts.

Le rapport met en lumière plusieurs approches utilisées par les pays pour
permettre aux personnes handicapées d’avoir accès aux services, aux
infrastructures, à l’information et à l’emploi. Ainsi:

– au Mozambique et en Tanzanie, des ateliers de formation comportant des
informations en braille et en langage des signes permettent de faire passer des
messages sur le VIH aux jeunes handicapés; en Ouganda, le Sustainable Clubfoot
Care Project permet d’améliorer le dépistage et la réadaptation chez les enfants
pieds-bots en sensibilisant le public au fait que cette déformation peut être
corrigée, en améliorant les services d’orthèse, en formant du personnel de santé
primaire et en subventionnant les transports;

– à Curitiba, au Brésil, un système intégré de transports publics améliore
l’accès des personnes handicapées grâce à une conception universelle et à la
sensibilisation des conducteurs et du personnel en général; au Viet Nam, les
enfants handicapés peuvent fréquenter les écoles comme les autres enfants grâce
à une révision des politiques, à un aménagement des bâtiments, à la fourniture
d’un soutien spécialisé aux élèves et à la formation des administrateurs, des
enseignants et des parents;

– en Malaisie, le programme de retour à l’emploi permet aux personnes souffrant
d’un handicap lié à un accident du travail de revenir à un emploi à plein temps
en coordonnant services de réadaptation et soutien social.

Saluant le rapport, le Professeur Stephen Hawking, le célèbre physicien a
déclaré: «nous avons le devoir moral d’éliminer les obstacles à la participation
des personnes handicapées et d’investir suffisamment de fonds et de compétences
pour leur permettre de réaliser leur énorme potentiel… J’espère que ce siècle
marquera un tournant dans la participation des personnes handicapées à la vie de
leur société».

Près de 150 pays et organisations régionales ont signé la Convention relative
aux droits des personnes handicapées et une centaine l’ont ratifiée, s’engageant
à éliminer les obstacles de façon à permettre aux personnes handicapées de
participer pleinement à la société. Le Rapport mondial sur le handicap, rédigé
grâce aux contributions de plus de 380 experts, sera une ressource clé pour les
pays mettant en oeuvre la Convention.