Les voitures diesel de plus en plus nombreuses sur les routes américaines

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ée le 21 avril 2011 à New York (Photo : Ramin Talaie)

[25/06/2011 10:15:33] NEW YORK (AFP) Les voitures diesel, boostées par la pénurie actuelle de Prius hybrides, la volonté de Volkswagen de s’implanter aux Etats-Unis et les améliorations technologiques, séduisent de plus en plus de conducteurs Américains, longtemps réticents à acheter ces véhicules “puants et bruyants”.

En mai, 9.000 diesel ont été vendus aux Etats-Unis, selon le cabinet Baum and Associates. C’est peu par rapport au million de véhicules vendus chaque mois dans le pays, mais cela représente une augmentation de 34% par rapport à l’année précédente.

La pénurie de Prius, dont la production au Japon par Toyota a été fortement perturbée par le séisme, explique en partie cette hausse.

Mais plus généralement la mauvaise réputation du diesel aux Etats-Unis –des émanations à l’odeur repoussante et peu de points de vente de carburants– évolue.

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à la pompe, dans une station essence de San Francisco, le 27 avril 2011 (Photo : David Paul Morris)

“Pour beaucoup de consommateurs, le diesel c’est encore la vieille voiture puante et bruyante de grand-père”, note Jesse Tropak, consultant pour TrueCar.com. C’est pourquoi ce type de véhicules présent depuis des décennies aux Etats-Unis ne représentait jusqu’à présent que 1% des ventes de voitures, 4,5% en incluant les camionnettes.

Mais aujourd’hui les diesel sont plus propres et plus puissantes, souligne Jeremy Anwyl, spécialiste à Edmunds.com.

Aussi le cabinet Baum and Associates estime que le marché devrait grossir jusqu’à 6 à 6,5% des ventes aux Etats-Unis, “toute la croissance provenant des ventes de petits véhicules, ce qui signifie que le 1% passera à 2,5 ou 3%”.

Selon une autre estimation, celle du cabinet JD Power and Associates, le marché représente 3,1% en 2011 et devrait atteindre 7,4% en 2017.

“Ce succès a même surpris les fabricants, qui constataient une atonie du marché depuis plusieurs années”, souligne Jeremy Anwyl.

Conduire une diesel, c’est désormais “comme conduire une voiture normale”.

Dès lors l’argument qui incite de nombreux Européens à se tourner vers ce type de véhicule – une consommation réduite de carburant – fait aussi mouche auprès des Américains déjà séduits par la voiture hybride de Toyota.

“Il n’y a plus de Prius à acheter en ce moment”, souligne Jeremy Anwyl. “Cette réduction de l’offre se traduit par une hausse des prix, et par conséquent les alternatives deviennent plus attractives.”

Volkswagen espère en tirer partie.

La voiture Jetta du groupe allemand, produite au Mexique, est déjà la diesel la plus vendue aux Etats-Unis (5.000 unités vendues en mai).

Et le groupe prévoit qu’un quart de la production de sa nouvelle usine, ouverte en mai dans le Tennessee (centre-est), soit diesel.

Cette évolution du marché satisfait le ministre américain des Transports, Ray LaHood.

“Si un tiers des véhicules aux Etats-Unis étaient des diesel, nous économiserions 1,4 million de barils par jour”, soit “l’équivalent de nos importations d’Arabie saoudite”, a-t-il fait valoir lors de l’inauguration de l’usine.

Autre raison jouant en faveur des diesel: les évolutions technologiques, notamment l’apparition de carburant à faible taux de souffre, ont permis de réduire les émissions de ces véhicules et ainsi de répondre à la réglementation américaine.

Auparavant certains Etats, comme la Californie, n’autorisaient pas la vente de tous les modèles de diesel à cause du non-respect de leurs normes environnementales.

Mais certains éléments jouent encore en défaveur de ce type de voiture, dont le prix du carburant.

Longtemps moins cher que l’essence, le diesel a récemment augmenté suite à la hausse des taxes et à un marché devenu trop petit pour les raffineurs.

“Il est vraiment dommage d’avoir, pour un carburant plus économique en énergie, une taxe si élevée qu’elle constitue un frein à l’achat”, regrette Allen Schaeffer, directeur du Forum des technologies diesel.

Le prix d’achat des véhicules, supérieur de 10% à celui des voitures fonctionnant à l’essence ordinaire, entrave aussi l’expansion des diesel. Les fabricants sont “réticents” à introduire de nouveaux modèles sur le marché, estime Jesse Tropak, de TrueStar.com.

Il prévoit toutefois une hausse de 40% de ventes de véhicules diesel cette année, en faisant remarquer que le seuil de départ est très bas.