«Nous
sommes confiants pour l’avenir». Présent, comme il en a l’habitude depuis quatre
ans, au Salon de l’Immobilier Tunisien à Paris
(SITAP), où l’entreprise qu’il
dirige –Essoukna, exposante, avec les autres sociétés immobilières du groupe BNA-,
Moncef Kooli ne se laisse pas décourager par les difficultés que connaît le
secteur. Apparues dans la foulée de la crise financière mondiale, celles-ci se
sont un tant soit aggravées depuis janvier 2011 en raison de l’accélération de
la baisse des ventes qui a gonflé davantage le stock de logements –dont le
nombre est estimé vaguement, selon les sources, de plusieurs milliers à quelques
dizaines de milliers- en attente d’acquéreur.
Malgré cela, Essoukna continue à investir, à la différence de bon nombre
d’autres opérateurs ayant provisoirement levé le pied. Outre trois chantiers
depuis janvier 2011, la société va lancer un quatrième en juillet et un
cinquième avant la fin de l’année. Soit un total de près de 250 logements et un
investissement de près de 20 millions de dinars.
Le p-dg d’Essouka –par ailleurs président de la Chambre syndicales des
promoteurs immobiliers- tire la confiance sur laquelle repose cet engagement de
sa ferme conviction que l’activité va repartir de plus belle à l’avenir et cela
pour plusieurs raisons –certaines déjà réunies et d’autres à remplir.
D’abord, les Tunisiens Résidents à l’Etranger (TRE) –auquel Essoukna a vendu 21%
de ses logements en 2010- «vont être de plus en plus nombreux à investir en
Tunisie, en raison du nouveau climat de confiance et de l’Etat de droit qui va
se développer dans le pays».
Ensuite, M. Kooli est convaincu que localement, et contrairement aux apparences,
«il y a encore de la demande» non satisfaite au sein de certaines couches
sociales n’accédant pas actuellement au marché de l’immobilier et qui pourraient
y faire leur entrée si certains obstacles dépendant ou non de leur volonté
étaient levés. Parmi ces catégories figurent les personnes gagnant moins que le
smig ou des commerçants qui ne peuvent justifier de leurs revenus.
De même, le patron d’Essoukna entrevoit un autre potentiel non exploité par
cette industrie, donc par l’économie, dans la rénovation du parc immobilier; une
niche importante dans certains quartiers, dont Mutuelleville et le Bardo».
Enfin, l’immobilier pourrait être fortement dopé, estime M. Kooli, en «remettant
en place le FOPROLOS». Le patron d’Essoukna est scandalisé par le «détournement»
dont ce fonds, créé à l’origine pour favoriser l’accès au logement des couches
au revenu modeste, a fait l’objet.
Alimenté par le prélèvement de 2% sur la masse salariale, ce fonds a fonctionné
normalement jusqu’en 1994. Cette année-là , il a permis la création de 4.300
logements. Mais à partir de 1997, et à l’initiative du ministre des Finances de
l’époque, affirme M. Kooli, ce nombre a baissé à 2.000 et l’argent qui
alimentait le Foprolos a été détourné dans le budget de l’Etat. «Qui, pendant
longtemps, ne reversait pas plus de 20 millions de dinars, porté par la suite Ã
35 millions d’une enveloppe dont on ne connaissait pas le montant» et que M.
Kooli estime à près de 100 millions de dinars.
Injectés dans le Foprolos, ces fonds auraient permis à l’industrie immobilière
de continuer à produire du logement social, ce qui n’est pas tellement le cas
depuis 1997. Convaincu de cela, M. Kooli affirme que ses confrères n’auraient
pas «craché dans la soupe» car pour eux «le logement social n’est pas un
sous-produit».