à Reykjavik (Photo : Olivier Morin) |
[27/06/2011 12:28:06] BRUXELLES (AFP) L?Islande a entamé lundi à Bruxelles des pourparlers sur sa demande d’adhésion à l’Union européenne, une procédure que Reykjavik espère rapide mais qui pourrait bloquer sur le délicat dossier de la pêche.
L’Islande a ouvert les quatre premiers de la trentaine de chapitres à négocier avec l’UE et en a d’ores et déjà bouclé deux, s’est félicité le chef de la diplomatie islandaise Össur Skarphedinsson.
Il s’exprimait devant la presse à l’issue d’une réunion de travail avec son homologue hongrois, Janos Martonyi, dont le pays préside actuellement l’UE, et avec le commissaire européen chargé de l’élargissement, Stefan Füle.
Les chapitres, au nombre de 35, recouvrent tous les aspects du droit communautaire. Chaque chapitre correspond à un domaine politique spécifique (transports, énergie, politique économique et monétaire, agriculture, pêche, énergie, fiscalité, justice…) et vise à vérifier que la législation nationale du pays candidat est conforme au droit européen.
“C’est un jour historique pour l’Islande”, a dit M. Skarphedinsson. Le chef de la diplomatie islandaise a précisé que son pays comptait ouvrir la moitié des chapitres, dont ceux concernant la pêche et l’agriculture, cette année et le reste d’ici la fin du premier semestre 2012.
La politique de la pêche constitue l’un des principaux obstacles sur le chemin de l’adhésion à l’UE.
L’Islande est brouillée avec l’Union sur la question des droits de pêche illustrée notamment par “la guerre du maquereau”, conflit né de la décision unilatérale islandaise d’augmenter considérablement ses quotas de maquereaux. L’île est aussi en conflit avec l’UE sur la question de la chasse à la baleine.
L’industrie de la pêche constitue une activité vitale pour cette île de l’Atlantique Nord et ses 320.000 habitants.
Les quatre premiers chapitres ouverts entre l’Islande et l’UE portent sur les marchés publics, la société de l’information et les médias, la science et la recherche, ainsi que l’éducation et la culture.
L’Islande a déjà intégré une grande partie de la législation de l’UE dans ces domaines en raison de son statut de membre de l’Espace économique européen. “Les négociations relatives à deux chapitres (la science et la recherche ainsi que l’éducation et la culture) ont été provisoirement clôturées au vu du degré avancé de préparation de l’Islande”, a indiqué la Commission européenne dans un communiqué.
“Aujourd’hui, bien sûr, c’était une petite étape, une étape facile”, a reconnu M. Skarphedinsson.
“Le chapitre de la pêche sera très difficile parce que c’est la première fois que l’Union européenne négocie avec un pays dont la pêche représente un besoin vital”, a-t-il souligné.
Cependant, a-t-il ajouté, “je suis confiant” sur l’issue des négociations.
Mais même si les négociations aboutissent, il restera à convaincre les Islandais de rejoindre l’UE. Les Islandais auront le dernier mot par référendum. Or, ils sont majoritairement opposés à l’entrée dans l’Europe selon les sondages.
Une autre pierre d’achoppement pour Reykjavik sur le chemin de l’UE risque d’être le contentieux financier avec Londres et La Haye suite à la faillite de la banque Icesave.
Les deux capitales réclament quelque 3,9 milliards d’euros à l’Islande pour rembourser l’indemnisation versée aux 340.000 épargnants britanniques et néerlandais ruinés par l’effondrement de cette banque en ligne lors de la crise financière de l’automne 2008.
Les Islandais ont rejeté à deux reprises par référendum des accords de remboursement. L’Association européenne de libre échange (AELE) a menacé de traîner l’Islande en justice. La Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont aussi laissé entendre qu’ils pourraient gêner l’adhésion de l’Islande à l’UE.