Un Airbus A380 au salon du Bourget le 23 juin 2011 (Photo : Pierre Verdy) |
[27/06/2011 20:51:25] BERLIN (AFP) La Chine fait dépendre la signature de contrats avec Airbus d’une exemption de la taxe carbone que l’Union européenne va imposer aux compagnies chinoises, a-t-on appris lundi de sources industrielles à Berlin.
Le conflit sur la taxe des émissions carbones “doit faire l’objet de discussions mardi” lors des premières consultations gouvernementales sino-allemandes à Berlin, a déclaré un responsable de l’industrie aéronautique.
La chancelière Angela Merkel reçoit le Premier ministre Wen Jiabao et une importante délégation ministérielle. L’Allemagne espère à cette occasion la signature de gros contrats, notamment dans l’aéronautique, a indiqué un responsable allemand sous le couvert de l’anonymat.
Le quotidien des affaires Handelsblatt avait rapporté vendredi que, pour faire pression sur l’UE, Pékin bloquait la signature d’une commande de dix gros porteurs A380, d’une valeur de 4 milliards d’euros au prix catalogue, qui devait être annoncée par la compagnie chinoise Hong Kong Airlines.
A compter du 1er janvier 2012, les compagnies aériennes qui atterrissent et décollent en Europe vont se voir attribuer des quotas d’émissions de CO2 correspondant, dans un premier temps, à leur consommation moyenne de carburant durant les années 2004 à 2006.
Le nombre de vols des compagnies chinoises vers l’Europe ayant fortement augmenté ces dernières années, elles ne bénéficieront que d’un faible quota et devront payer proportionnellement plus de taxes que leurs concurrentes.
Les compagnies chinoises estiment que la taxe pourrait leur coûter 800 millions de yuans (87 millions d’euros) par an dès 2012 et s’élever à trois milliards de yuans en 2020, d’après le quotidien Nouvelles de Pékin.
Le constructeur européen avait espéré une solution avant cette semaine mais l’affaire n’est pas réglée et les discussions se poursuivent, ont indiqué d’autres responsables à l’AFP.
Les compagnies américaines protestent également contre la taxe et ont porté plainte devant la Cour européenne de justice qui doit s’en saisir le 5 juillet.
Le président d’Airbus Tom Enders a écrit récemment à la commission européenne pour la prévenir que cette taxe risquait de déclencher une guerre commerciale dont le constructeur européen ferait les frais.
La commission a refusé de modifier sa position.
“Quoi que disent les Chinois ou les Américains, il n’y a pas de plan B, nous n’avons pas l’intention de céder”, a déclaré samedi le porte-parole de la commissaire européenne à l’action pour le climat Connie Hedegaard.