Implanté au Maroc et en Tunisie et responsable pays (Algérie, Libye-Malte), Lectra Maghreb, groupe de sociétés off shore spécialisées dans les logiciels, équipements de conception et fabrication assistées par ordinateurs (CFAO), s’est distingué, lors du récent Texmed 2011, par le lancement de nouveaux produits technologiques. Pour d’amples éclairages sur la portée d’une telle initiative, Webmanagercenter s’est entretenu, en marge de ce salon avec Jean-Patrice Gros, manager du groupe Lectra pour les pays du Maghreb (plus Malte). Dans cette interview expresse, il apporte un regard extérieur fort intéressant sur la filière textile et sur son devenir. Entretien.
WMC: Tout d’abord que pensez-vous de l’organisation de ce salon en pleine révolution?
Jean-Patrice Gros: A mon avis, c’est une bonne décision. L’objectif est de garder le cap, de maintenir la visibilité du site de production Tunisie, de ne pas en détourner les investisseurs et de faire de cette transition démocratique non seulement un argument de promotion du site mais surtout une opportunité pour attirer de nouveaux investisseurs. Je peux avancer qu’au regard de nos contacts avec les donneurs d’ordre, la filière textile tunisienne jouit d’une bonne image. La filière puise sa force dans le dynamisme de ses entreprises.
En votre qualité de fournisseur de technologies, en quoi a consisté votre rôle durant les cinq derniers mois qui ont été marqués, en Tunisie, par une baisse d’activité de la filière?
Notre approche a été de se rapprocher au maximum de nos clients, d’optimiser leur outil de production et de leur prouver que nous étions solidaires. Le principe est simple: nous sommes embarqués dans un même bateau. Notre réussite dépend, désormais, de la leur.
Il faut dire que les textiliens tunisiens n’ont pas eu beaucoup de chance. A peine sortis de la crise 2008-2009, les voilà confrontés à de nouvelles difficultés générées par la révolution.Votre analyse de la situation?
Je peux dire qu’il n’y a pas de situation d’urgence. Depuis la crise financière et économique de 2009 qui a sérieusement affecté la filière, le textile a repris le chemin de la croissance en 2010 et nous estimons que le rebond de l’année écoulée se maintiendra en 2011. Ceux qui sont prêts aujourd’hui seront les gagnants de demain. Le seul risque qui puisse compromettre une reprise soutenue de la filière en Tunisie réside, de notre point de vue, en les dérapages sociaux avec une éventuelle recrudescence des revendications syndicales. La paix sociale est un avantage compétitif auquel l’off-shore accorde une importance cruciale.
Votre groupe a choisi Texmed 2011 pour lancer de nouvelles technologies. En quoi consistent-elles exactement?
Le groupe Lectra a saisi l’opportunité de Texmed 2011 pour lancer officiellement plusieurs produits et services. Il s’agit d’abord du dernier logiciel Diamino qui permet des économies significatives (+ de 3%) du tissu utilisé lequel représente en moyenne 50% du coût de la production. L’avantage est clair: l’évaluation préalable de l’emploi du tissu permet aux entreprises d’établir la rentabilité potentielle d’un produit avant de l’envoyer en prototypage ou en production, de s’assurer les meilleures marges possibles et de gérer au mieux la relation avec les fournisseurs de matières mais également les commandes et les stocks.
Vient ensuite la dernière version du simulateur 3D. C’est un vêtement virtuel qui permet de faire des modifications sur le mannequin. Son avantage est d’optimiser le travail collaboratif entre stylistes, modélistes, développeurs produits et équipes marketing, et de réduire sensiblement le nombre de prototypes.
A travers le lancement de ces produits, notre groupe se propose de prouver qu’il croit toujours en le textile tunisien.
En votre qualité d’observateur averti et impliqué, quelle seraient les options à prendre pour pérenniser l’activité textile en Tunisie?
Nous estimons que ce qui fera de la Tunisie un site compétitif en matière du textile réside dans l’adoption des nouvelles technologies et son corollaire, la création de valeurs. Les entreprises qui n’investissent pas dans la technologie seront distancées. Aujourd’hui, c’est dans les logiciels qu’il y a de la valeur. Moralité: les plans de technologie à adopter devront prévoir, en amont, beaucoup d’investissements dans les logiciels afin d’optimiser créativité et réactivité et la disponibilité au sein des entreprises textiles d’ingénieurs capables de comprendre la technologie pour l’implémenter.
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