Tunisie- Les stages en entreprise…Le nerf de la guerre


stage-28062011.jpgLorsqu’ils trouvent chaussure à leur pied, les stagiaires ne sont pas toujours
bien encadrés, ce qui nous fait dire dans la première partie de cet article que
cela ressemble “un
parcours du combattant
“ .
Sans oublier la faiblesse du système d’évaluation des stagiaires. Mais, il y a
pire: «Je me suis rendu à la lecture d’un rapport de stage d’un étudiant,
raconte un enseignant universitaire en sciences de gestion, que l’étudiant
n’avait pas réellement effectué de stage». Insolite.

«Je suis désolé, mais je ne peux rien faire pour toi. Car l’entreprise n’accepte
plus de stagiaires. Voyez-vous, notre entreprise n’accepte un stagiaire que dans
le cas où on lui trouve un tuteur. Et étant donné que le nombre de tuteurs n’est
pas illimité, votre demande ne peut pas être satisfaite pour cet été du moins».

Un cadre d’une grande entreprise publique a obtenu, il y a quelques années,
cette réponse de la part d’un camarade de promotion suite à une intervention en
faveur de l’un de ses fils. L’entreprise en question, spécialisée dans les
télécommunications, avait pour règle de n’accepter un stagiaire que si elle lui
offrait les conditions nécessaires à l’exercice de sa charge. Dont l’engagement
de lui affecter un tuteur «responsable et réfèrent du projet» présenté par le
stagiaire.

Un tuteur indisponible


Une ligne de conduite et une politique inscrite déjà, noir sur blanc, dans le
livret d’accueil fourni au stagiaire dès son arrivée en entreprise. Un tuteur
dont la qualité première est la disponibilité.

«Lorsque je suis arrivée dans un grand groupe de sociétés du secteur industriel,
situé dans la banlieue de Tunis, se souvient une ingénieure dans
l’agroalimentaire, je me suis retrouvée avec huit stagiaires dans un immense
bureau que je n’ai que rarement quittée tout le long des dix jours que j’ai
passée dans ce groupe».

«Notre tuteur ne nous voyait qu’à peine une heure par semaine. Il nous inondait
de documents et répondait qu’à moitié à nos interrogations et promettais
beaucoup de choses qu’il ne réussissait pas à respecter. Il était, de toute
façon, toujours en réunion ou sur des chantiers ou encore en rendez-vous à
l’extérieur», souligne-t-elle.

Notre tuteur avait à peine jeté un regard sur le maigre rapport de stage établi
par les huit stagiaires. Un rapport qui ne comportait, pour l’essentiel, que des
informations contenues dans les documents distribués par ce tuteur ou glanées
sur Internet: organigrammes, statuts, bilans, rapports d’activités,… «Il n’était
pas nécessaire d’effectuer un
stage pour les obtenir. Il suffisait d’une visite
d’une journée, voire d’un entretien…».

Un autre débat


Conclusion : le séjour en entreprise n’enrichit que rarement le cursus du
stagiaire. Du coup, ce dernier a souvent l’impression d’avoir perdu son temps.
Point de programme de stage comportant des actions précises et des séquences à
accomplir.

Comment dans ces conditions évaluer le stagiaire? L’absence de contact permanent
entre le stagiaire et son tuteur ne peuvent du reste favoriser cette évaluation.
Celle-ci est, souvent, parcellaire ou carrément fausse parce qu’hâtive.

Une évaluation qui doit comporter un ensemble d’éléments: tenue vestimentaire,
qualité de son travail, aptitudes à communiquer, adaptation aux règles et
procédures, ponctualité, points forts, points faibles… Un système d’évaluation
qui est, à ce propos, établi dans une fiche qui passe au peigne fin les faits et
gestes du stagiaire, généralement annexée au rapport de stage.

Mais, il y a pire. «Je me suis rendu à la lecture d’un rapport de stage d’un
étudiant, raconte un enseignant universitaire en sciences de gestion, que
l’étudiant n’avait pas réellement effectué de stage. Le rapport comportait trop
de fausses informations et d’imprécisions. L’étudiant a fini, lorsque je l’ai
menacé de lui coller un zéro, par avouer qu’il n’a passé que quelques heures
dans l’entreprise. Pourtant son rapport était signé et par le directeur des
ressources humaines et par un soi-disant tuteur. Et mentionnait une multitude
d’actions accomplies».

«Quel dommage, renchérit-il. Car, le stage est une occasion rêvée pour une
entreprise de transmettre son savoir-faire, de se rapprocher du temple du savoir
qu’est l’université et de repérer les éléments qu’elle pourra recruter demain».

Mais c’est là un autre débat dans lequel l’entreprise tunisienne ne s’est pas,
dans sa globalité, encore engagée.
– Lire aussi :
Tunisie: Les stages en entreprise… Un parcours du combattant