Logements neufs : le rythme de progression des chantiers et des permis baisse

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à Herouville-Saint-Clair, Ouest de la France (Photo : Mychele Daniau)

[28/06/2011 07:05:16] PARIS (AFP) Le rythme de progression des mises en chantier et des permis de construire des logements neufs en France se ralentit et les lancements de travaux devraient atteindre 360.000 en 2011, un niveau insuffisant pour combler le déficit accumulé depuis de nombreuses années.

“Ce n’est pas une très bonne nouvelle alors que le déficit de logements s’est aggravé depuis la crise de 2008”, déclare à l’AFP Mathilde Lemoine, directrice des études économiques d’HSBC France.

Le nombre de mises en chantier de logements neufs a progressé de 11,4%, à 89.837 unités, sur un an pour la période allant de mars à mai tandis que le nombre de permis de construire pour ces mêmes logements a augmenté de 4,3%, à 105.548, selon les chiffres publiés mardi par le ministère du Logement.

A fin avril, le rythme de hausse était encore de 30,4% pour les mises en chantier (après +35,5% à la fin du premier trimestre) et de 9% pour les permis de construire.

Au cours des douze derniers mois (juin 2010 à mai 2011), le nombre de mises en chantier, avec 345.407 unités, est en augmentation de 15% par rapport aux douze mois précédents alors le nombre de permis de construire accordés (417.106) est en hausse de 14,3% par rapport aux 12 mois précédents.

“La France est sortie de la crise mais le rythme de progression se ralentit”, résume Michel Mouillart, professeur d’économie à l’Université Paris X-Nanterre.

L’année 2011 devrait se terminer aux environs de 360.000 mises en chantier, soit une progression de 16% par rapport à 2010 mais encore loin de la très bonne année 2007 (415.000), la dernière avant la crise, pronostique M. Mouillart.

La situation est toutefois très différente selon les régions.

Alors que le nombre total de mises en chantier (y compris les constructions sur un bâtiment existant) connaissent une envolée de 26,2% en Rhône-Alpes, de 20,8% en Lorraine, de 16,8% en Alsace et de 15,6% en France-Comté, plusieurs autres régions enregistrent désormais des baisses.

C’est le cas de la Picardie (-9,7%), de la Bourgogne (-6,6%), de la Basse-Normandie (-3,5%).

La bonne santé de Rhône-Alpes aboutit au paradoxe que cette région a débuté, durant la période de juin 2010 à mai 2011, la construction de beaucoup plus de logements (49.095, y compris ceux sur un bâtiment existant) que l’Ile-de-France (41.427), pourtant beaucoup plus peuplée et avec un déficit d’habitations encore plus grand.

De nouveaux nuages noirs s’accumulent à l’horizon.

Dopées l’an dernier par le dispositif fiscal “Scellier” en faveur des investisseurs achetant pour louer, les ventes par les promoteurs de logements neufs (22.200) ont connu un “trou d’air” en France au premier trimestre avec une baisse de 17,2%.

De plus, l'”offre commerciale” (le nombre de logements proposés sur plan ou terminés) est avec 48.000 logements “à un de ses plus bas niveaux depuis 20 ans”, selon Guy Nafilyan, PDG de Kaufman & Broad, un des principaux promoteurs immobiliers français, ce qui va aussi peser sur les futurs mises en chantier.

Pour autant, le secrétaire d’Etat Benoist Apparu estime “la croissance de l’offre de logements sera facilitée dans les mois qui viennent” par les mesures prises dans le cadre de la réforme de l’urbanisme. “La demande continuera d’être soutenue par le PTZ (prêt à taux zéro)+, dont la diffusion se poursuit sur un très bon rythme”, ajoute-t-il dans une déclaration à l’AFP.