ège du FMI, le 23 juin 2011 à Washington (Photo : Jim Watson) |
[28/06/2011 08:11:17] WASHINGTON (AFP) La ministre française de l’Economie Christine Lagarde parait assurée, sauf surprise, de prendre la tête du Fonds monétaire international, dont le conseil d’administration se réunit mardi pour examiner les deux candidatures en lice.
Si tout se déroule comme prévu, les 24 membres de cette instance devraient faire dès ce mardi leur choix entre Mme Lagarde, 55 ans, et le Mexicain Agustin Carstens, 53 ans. Ils comptent parvenir à un accord au plus tard jeudi.
Le FMI, qui avait promis de décider “de façon ouverte”, n’a pas laissé filtrer grand-chose. Interrogée sur l’heure de la réunion de mardi, une porte-parole du FMI a indiqué qu’elle devrait commencer vers 10H00 (14H00 GMT).
Mais le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a laissé entendre que le choix pourrait se faire dès mardi, au profit de Mme Lagarde.
“Je suis sûr que nous sommes sur le point de voir apparaître quelqu’un qui s’avère très bien soutenu. Et c’est très important car cette institution est confrontée à de nombreux défis, pas des moindres en Europe”, a-t-il affirmé lundi.
A en croire les dernières indications du conseil d’administration, le nom du directeur général désigné pour un mandat de cinq ans doit être annoncé par un communiqué.
Le conseil d’administration avait décidé en mai de choisir le successeur au Français Dominique Strauss-Kahn “par consensus”, comme il l’a toujours fait. Si ce consensus ne se forme pas, il procédera à un vote.
Mme Lagarde a gagné lundi un soutien de poids, avec la Chine. Cela porte à dix le nombre d’administrateurs en sa faveur, en comptant les sept représentants de l’Union européenne, un Egyptien et un Togolais.
Face à elle, M. Carstens peut se prévaloir de quatre soutiens: son compatriote mexicain, et des administrateurs argentin, australien et canadien.
à Pékin (Photo : Frederic J. Brown) |
Un cinquième semble à portée de main, en la personne du Brésilien Paulo Nogueira Batista. “Le Brésil pourrait bien décider de soutenir Carstens”, déclarait-il au Wall Street Journal le 22 juin. Mais trois semaines plus tôt, le quotidien Valor Economico affirmait à l’inverse que Brasilia penchait pour Mme Lagarde.
Les deux pays dont les administrateurs ont le plus de droits de vote, les Etats-Unis et le Japon, ont décidé de garder le silence jusqu’au bout.
Mais il serait très surprenant, au vu des déclarations de M. Geithner, que les Etats-Unis décident de mettre fin à la convention tacite selon laquelle depuis 1946 la direction du FMI revient à l’Europe et la présidence de la Banque mondiale aux Etats-Unis.
Pour la première fois, deux candidats ont fait campagne dans le monde entier. Tous deux se sont attiré des éloges.
Mais par rapport à M. Carstens, “le grand avantage de Christine Lagarde est de représenter une continuité dans la coopération entre le Fonds et la zone euro”, affirme, sous couvert d’anonymat, une source proche du FMI.
Le déroulement de cette succession a beaucoup déçu ceux qui espéraient un changement.
Vendredi, une trentaine d’organisations non gouvernementales ont appelé le Fonds à revoir entièrement sa copie. “La désignation imminente de Christine Lagarde à la tête du FMI a mis à nu l’hypocrisie d’une procédure de sélection qui n’a jamais été ni vraiment juste, ni ouverte, ni fondée sur le mérite”, ont-elles estimé.
La candidature de Mme Lagarde avait été préparée en amont, alors qu’il semblait assuré que M. Strauss-Kahn quitterait son poste pour mener une campagne présidentielle en France, avant son arrestation le 14 mai à New York pour crimes sexuels et sa démission quatre jours plus tard.