Un bulletin de paie (Photo : Mychele Daniau) |
[28/06/2011 11:59:50] PARIS (AFP) Les actionnaires se sont inquiétés du projet gouvernemental de prime aux salariés lors des assemblées générales des grandes sociétés du CAC 40 en 2011 et ont posé davantage de questions sur les rémunérations, selon une étude de Capitalcom et DLA Piper publiée mardi.
Les actionnaires ont souhaité “connaître la position des dirigeants” sur cette prime qui sera versée aux salariés des entreprises de plus de 50 employés ayant augmenté leurs dividendes, et à laquelle s’oppose le Medef (patronat).
Ils ont fait part de “leurs inquiétudes quant à l’impact d’une telle mesure sur la politique de distribution du dividende”, ainsi que de leur sentiment d’être “mal perçus par l’opinion”.
A l’heure où les sociétés du CAC 40 vont distribuer des dividendes record à leurs actionnaires (50 milliards d’euros en 2011), les actionnaires ont souhaité avoir “un éclairage sur l’affectation des résultats des entreprises”, selon l’étude, publiée à l’occasion de la remise d’un Grand prix de l’assemblée générale du CAC 40 à Paris.
Le ministre du Travail et de l’Emploi Xavier Bertrand, invité à ce prix, a défendu son projet de loi de prime exceptionnelle. “Si les dividendes progressent, il n’est pas incongru que les revenus des salariés progressent à côté des salaires”, a-t-il fait valoir.
“Le compte n’y est pas”, a-t-il estimé, en rappelant que 57% du capital des entreprises allaient à l’investissement, 36% à la rémunération des actionnaires et seulement 7% aux salariés.
Le président Nicolas Sarkozy a affirmé lundi qu’il n’avait “pas compris la réaction si violente” de Laurence Parisot, présidente du Medef, à sa décision de faire verser cette prime aux salariés.
Les actionnaires lors des AG ont aussi posé davantage de questions sur les rémunérations, avec 16% des questions sur ce thème en 2011, contre 11% en 2010, selon cette étude qui porte sur les AG de 35 entreprises du CAC 40.
Dans un contexte de crise et de “débat sur le partage de la valeur ajoutée”, les actionnaires s’interrogent sur “les augmentations des rémunérations des dirigeants”, et “les hausses des enveloppes globales des jetons de présence alloués aux administrateurs”, votées par 12 sociétés du CAC en 2011, relève l’étude.
A cet égard, M. Bertrand s’est prononcé en faveur de la non-déductibilité des fortes rémunérations de l’assiette de l’impôt sur les sociétés. “Est-ce que c’est par la taxation ou est-ce que c’est la non déductibilité ? Je penche pour cette dernière possibilité”, a déclaré le ministre.
La masse salariale n’est en effet pas imposable à l’impôt sur les sociétés et les salaires sont donc déduits de l’assiette de cet impôt.
Par ailleurs, rares en 2011 sont les sociétés qui n’ont pas consacré une partie de leur présentation au développement durable, et plus généralement à la responsabilité sociale, sociétale et environnementale de l’entreprise, selon Capitalcom et DLA Piper.
Sur la question de la mixité, l’étude souligne une hausse du taux de féminisation des conseils d’administration, qui a franchi le seuil des 20% cette année, après 15,3% en 2010 et 10,5% en 2009.
Le Grand prix de l’AG 2011, qui récompense l’AG qui a le mieux traité dix thèmes clé dont la rémunération des dirigeants, a été remis au fabricant de matériel électrique Schneider Electrique.