Wen Jiabao à Berlin : gros contrats et divergences sur les droits de l’Homme

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ère allemande Angela Merkel et le Premier ministre chinois Wen Jiabao, le 28 juin 2011 à Berlin (Photo : John Macdougall)

[28/06/2011 12:40:47] BERLIN (AFP) L’Allemagne et la Chine ont signé pour plus de 15 milliards de dollars de contrats mardi à Berlin, lors d’une visite du Premier ministre chinois Wen Jiabao qui a donné lieu à une passe d’armes sur les droits de l’Homme.

Arrivé lundi soir à Berlin après un passage à Budapest puis à Londres, M. Wen a donné le ton mardi lors de l’ouverture d’un forum économique entre les deux pays.

“Nous, la Chine et l’Allemagne, sommes d’étroits partenaires”, a-t-il dit. En précisant : “Nous attendons le respect (…) de notre souveraineté, de notre intégrité territoriale et des choix autonomes du peuple chinois”.

La veille à Londres M. Wen avait averti les Européens de ne pas “pointer du doigt” son pays.

Berlin, comme d’autres capitales, a critiqué l’emprisonnement début avril de l’artiste dissident Ai Weiwei, relâché la semaine dernière mais en liberté surveillée.

“Nous avons signalé qu’il serait très important qu’une procédure transparente s’ensuive pour lui et pour tous les autres” dissidents, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel lors d’une conférence de presse commune.

“Il y encore beaucoup de chemin à parcourir” sur un certain nombre de sujets en Chine, notamment des procédures judiciaires respectueuses de l’Etat de droit, a-t-elle dit.

La conférence de presse a été perturbée par un protestataire présentant à M. Wen “un prix”, le typique chat chinois agitant le bras, mais armé d’un gourdin. “La voie est libre pour l’économie de marché, pour les contrats par milliards”, a-t-il lancé.

M. Wen a dit sa “confiance dans l’économie européenne et dans l’euro”. “Nous avons dit que nous soutenons certains pays européens, chacun selon ses besoins, en achetant leurs emprunts d’Etat de manière limitée”, a-t-il dit.

Dans la matinée, les représentants de 13 ministères chinois ont rencontré leurs homologues allemands. Une série d’accords de coopération a été signée, sur de nombreux sujets, de l’électromobilité à la sécurité alimentaire.

Ce type d’exercice, que l’Allemagne pratique avec des partenaires proches comme la France, Israël ou la Russie, est le premier du genre pour Pékin.

M. Wen a déclaré vouloir “régulariser et institutionnaliser” ce format pour intensifier les relations avec “le moteur” de sa coopération avec l’Europe toute entière, qui est aussi de loin son premier partenaire commercial européen.

Le volume des échanges des deux pays a atteint 130 milliards d’euros l’an dernier, et devrait pointer à 200 milliards d’euros à l’horizon 2015, prévoient les deux capitales.

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ésenté au Salon du Bourget, le 23 juin 2011 (Photo : Eric Piermont)

Mardi plusieurs contrats commerciaux ont été signés, représentant un volume total de “plus de 15 milliards de dollars” (10,6 milliards d’euros), a dit M. Wen. Pékin a notamment commandé à l’avionneur européen Airbus 62 appareils de la famille des A320, pour 7 milliards d’euros selon la presse.

Volkswagen et Daimler se sont engagés à investir encore plus en Chine, et le conglomérat industriel Siemens s’est engagé à coopérer avec les autorités chinoises. D’autres signatures de contrat devaient intervenir dans l’après-midi.

La veille à Londres, les entreprises britanniques avaient engrangé un modeste 1,6 milliard d’euros de contrats chinois.

Pour les entreprises allemandes, le marché chinois est incontournable, et leur présence s’y renforce d’année et année.

De plus en plus, l’inverse est vrai aussi: le fabricant chinois d’ordinateurs Lenovo vient par exemple d’annoncer qu’il voulait acheter le groupe allemand d’électronique Medion.

“Nous voulons inciter (les entreprises chinoises) à s’engager encore plus en Allemagne”, a déclaré Mme Merkel.. “Vous êtes les bienvenues”.

Elle a souligné la nécessité de “règles du jeu équitables et fiables” dans les deux pays.

La protection de la propriété intellectuelle et de l’innovation, les conditions d’investissement et l’accès à certaines ressources font partie des sujets sensibles entre Berlin et Pékin.