C’est le temps de la moisson universitaire. De nouveaux diplômés vont arriver fraîchement émoulus sur le marché de l’emploi et voudront chercher du travail. Voici quelques petites recettes proposées par des professionnels chevronnés pour les aider à «savoir y faire».
Le CV, une «empreinte personnelle»
Il existe des milliers de modèles de CV. Mais rien ne peut remplacer un CV de votre propre cru. Il faut que le CV porte la trace de votre individualité, insiste Sofiane Ouenniche, ex DG de Manpower. Ce spécialiste des rapports au travail appelle l’attention sur le gradualisme en matière d’approche d’embauche. Le CV, suggère-t-il, n’est pas un visa au recrutement. Il serait plus juste d’y voir un sésame pour l’entretien d’évaluation et puis si tout se passe bien, d’embauche. Il est donc nécessaire que le CV fasse tilt auprès de son destinataire, généralement le Directeur RH. Autant vous prévenir qu’ils «connaissent la chanson», alors il faut bien savoir jouer le coup. Il faut prendre du champ, donner à espérer. Il serait bien de rédiger un CV pour chaque entreprise à laquelle on s’adresse. Un CV standard est fatalement anonyme, pas assez parlant. On ne peut s’adresser à une multi dans le mêmes propos qu’à une entreprise familiale. Il faut obligatoirement rappelle, Sofiane Ouenniche, prendre le temps de faire connaissance avec l’entreprise avec laquelle on entre en relation.
Il faut jouer le grand jeu et puis, si on se fait pincer pour une faute d’orthographe, il faut reconnaître qu’on est meilleur à l’oral qu’à l’écrit. Le tout est de convaincre l’interlocuteur de l’intérêt qu’il a à miser sur vous. Etre le parti gagnant et le futur espoir de l’entreprise nécessite un zeste «d’intelligence émotionnelle», selon Dr Leila Chettaoui, qui le présente comme «l’intellect du cœur».
Savoir parler et émouvoir
Dire à un directeur RH qu’en vous embauchant, il va mettre un tigre dans son moteur le fera certainement sourire. Cet angle d’attaque n’a rien de rationnel, précise Dr Chettaoui, mais c’est une façon de lui faire comprendre que vous avez plus d’un tour dans votre sac, et qu’au moins vous êtes capable d’inventivité. C’est vrai qu’un postulant à un poste dce cadre doit manifester au moins une volonté d’autonomie et d’indépendance. Déclarer à son futur patron qu’on adhère à l’idéal de «la maison» et à son référentiel est une façon de gagner sa sympathie et au moins de le décider à tenter le coup de vous embaucher ne serait-ce qu’à l’essai.
Prendre soin de ne pas être tranchant, obtus, obstiné. Il ne s’agit pas de s’effacer mais de faire valoir l’aptitude au dialogue et au compromis.
L’entretien d’embauche, monnayer son potentiel
Nos deux experts recommandent aux jeunes candidats à l’emploi de se préparer à l’entretien d’embauche. Le stress est inévitable. Mais une «répétition» dans un groupe d’amis est toute indiquée. Cela donne de l’assurance et réveille les bons réflexes. L’intérêt, disent-ils, est de montrer que l’on ne se laisse pas déstabiliser. Savoir faire face est une aptitude et c’est surtout cela que l’on monnaie avec son employeur. Le but ultime n’est pas tant de faire de l’épate, et gare aux mensonges, mais bien de mettre en valeur un «potentiel» qui pourra se révéler et prendre du relief au sein de l’entreprise. Faire bonne impression n’est pas forcément séduire. Il faut convaincre et pas divertir.
Un certificat d’employabilité
Les bureaux de l’emploi ont un rôle à jouer, en la matière. Nous les voyons bien préparer des modules d’assistance à la rédaction des CV et de préparation à l’entretien d’embauche. Par ailleurs, des petits modules de formation aux programmes nationaux de mise à niveau et de qualité seraient utiles, de notre point de vue. Les jeunes demandeurs d’emploi pourraient s’en prévaloir comme d’un certificat d’employabilité. Que les candidats puissent au moins se positionner dans le diagramme de l’entreprise. Dire à une PME qu’on pourrait dès demain, en vous recrutant, engager un programme de mise à niveau ou une certification ISO est un bon coup de pouce à l’embauche. Proposer d’entrée de jeu de mettre sur pied un programme qualité ou la modernisation du Système d’information force la main au recruteur.
Après le 14 janvier, au moins que les demandeurs d’emploi aient du cran et de l’imagination et donnent à espérer. On a longtemps rêvé de libérer les énergies. Nous y voilà!