Les colloques, séminaires et autres sessions de formation se multiplient en Tunisie. Avec pour principales thématiques, la couverture des élections, la conduite des débats et le journalisme d’investigation. On apprend aux journalistes des lignes de conduites: exactitude, précision, objectivité, absence de parti pris,… Mais cela n’est pas suffisant.
A contexte politique nouveau, pratique journalistique nouvelle. Voici le crédo qui anime, depuis le 14 janvier 2011, la profession journalistique en Tunisie. Il s’agit de développer dans le pays un nouveau paysage médiatique qui rompt totalement avec le passée.
Pour y parvenir, les acteurs des médias tunisiens ont très vite compris l’importance à accorder à la formation des journalistes tunisiens. Durant des décennies, ces derniers n’ont pu pratiquer un journalisme qui sied à une société démocratique dans lequel la parole est libre.
Première donc, priorité de la profession: se débarrasser de la censure, de l’autocensure et de la marginalisation d’une profession qui, dans une société démocratique, doit être considérée comme le héraut du quatrième pouvoir et occuper une place centrale dans les débats dans l’espace public.
Cet aspect est introduit avec force dans les nombreux débats et sessions de formation engagées par de nombreux acteurs. Dont le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT). Mais aussi de nombreux médias tunisiens.
Tenter de coller à l’actualité
Le SNJT a annoncé, le 3 mai 2011, un programme de formation des journalistes, avec l’appui de l’Institut Panos Paris, une organisation non gouvernementale spécialisée dans l’appui au pluralisme médiatique. Début avril 2011, le même SNJT avait collaboré avec l’Institute for War and Peace Reporting (IWPR), une ONG qui a pour mission d’«aider les peuples à obtenir l’information dont ils ont besoin» pour organiser deux formations.
L’Etablissement de la Radio Tunisienne et l’Etablissement de la Télévision Tunisienne, l’audio-visuel public, ont mis en place, depuis mars 2011, une série de formations avec des partenaires étrangers, notamment français: RFI (Radio France Internationale) et France 24.
Au programme de ces sessions précisément, le rôle de la presse audio-visuelle dans la transition démocratique. Avec des formateurs français et maghrébins qui ont l’habitude de couvrir l’actualité nationale et internationale. Et avec des lignes de conduite bien claires: exactitude, précision, objectivité, absence de parti pris…
D’autres institutions aussi bien tunisiennes qu’internationales ou régionales, comme le Centre Africain de Perfectionnement des journalistes et communicateurs (CAPJC), un organisme sous tutelle du Premier ministère, l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) ou encore ARIG, une ONG arabe spécialisée dans le reportage d’investigation, œuvrent à mettre en place des formations.
Des mises en pages inadaptées aux habitudes de lecture
Thèmes traités par ces différents acteurs, la couverture des élections, la conduite des débats et le journalisme d’investigation. Des thèmes qui tentent de coller à l’actualité: l’organisation de l’élection des membres de la Constituante le 23 octobre 2011.
Des formations largement appréciées par nombre de journalistes tunisiens qui n’ont qu’un souci: assurer une bonne couverture de l’élection des membres de la Constituante. Même si certains reprochent à certaines de ces formations, assurées par de nombreux étrangers, de ne pas coller au contexte tunisien «racontant», aux dires d’un journaliste de la télévision, qui a suivi une formation organisée par France 24, «des vécus français et africains». Ou d’être, pour l’essentiel, théoriques ne laissant que peu de place aux travaux de terrain, qui sont des plus importants.
Ces formations ont, à ce titre, trait au savoir-être. Elles se résument à des conseils pratiques et à des analyses de situation ou de productions. «Or le journalisme, c’est d’abord la pratique du terrain».
A ce niveau, la formation devra s’attaquer à la qualité de la production journalistique. Car la presse tunisienne en a bien besoin, quel que soit le secteur: des articles et des émissions illisibles, des articles et émissions touffus où les journalistes veulent tout dire, des titres inodores, des mises en pages inadaptées aux habitudes de lecture…
La formation devra s’attaquer également à la déontologie. Le journaliste peut tout dire, mais il se doit de ne pas diffamer, insulter, colporter des rumeurs… «De nombreux vécus, que ce soit avant le 14 janvier 2011 ou après, donnent la preuve de la nécessité que la formation se saisisse de cet aspect», insiste un enseignant de journalisme à l’Institut d