La dame au casque d’argent est devenue directeur général du Fonds monétaire international (FMI). Elle signe ce faisant deux exploits. Le premier est inédit, une femme argentière de la planète. Le second est qu’elle est le «Black Horse» capable de réformer cette institution et d’affranchir la planète Finance du diktat libéral, sauvant l’économie de marché de son démon, le libéralisme.
Les chantiers de Christine Lagarde
L’ex-chancelière de l’échiquier du gouvernement Fillon a bien dit dans son speech inaugural qu’elle entend continuer sur la même voix initiée par DSK et cela est en soi porteur de promesse. En son temps, DSK était sur le point de mette sur le tapis la question des twin deficits, artifice financier par lequel les USA vivaient sur le dos de la planète entière. Grande duelliste, Christine Lagarde saurait, avec beaucoup de doigté, pousser dans ce sens. On se souvient avec quel tact elle a pu, lors de la crise des subprimes en 2009 embrayer sur le plan de sauvetage des banques proposé par Gordon Brown et le faire appliquer à l’ensemble des 27 pays de l’UE. C’est elle qui a accordé la caution de l’Etat aux banques françaises pour garantir les prêts sur l’interbancaire afin de ne pas gripper le financement des entreprises.
On se souvient aussi de son plan de suivi hebdomadaire pour pister, au digit près, les décaissements des crédits bancaires en faveur des PME, ossature du tissu économique. Ayant empêché l’étouffement des entreprises, elle a été à l’origine de la médication dédiée à la lutte contre la crise économique limitant les dégâts à la seule sphère financière. On connaît la suite.
DSK, en son temps, avait aussi autorisé l’extension des déficits budgétaires. On avait vu lors de la même crise que l’Etat était le rempart de dernier ressort contre le risque de défaut des opérateurs privés et que son seul et unique instrument restait le budget.
Le nouvel ordre en marche?
Le portemonnaie des 187 pays membres ne fait pas grande place aux pays en développement. L’émancipation des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), qui ont gagné en influence dans les instances de décision du FMI, ne répond que partiellement aux revendications des pays en développement. Ces derniers veulent de l’ordre dans les finances du monde. Il faut qu’ils arrivent à donner de la voix pour qu’il y ait une certaine discipline financière. Il y en a assez que les principaux pays du G8 engloutissent, à leur seul profit, l’épargne mondiale.
Le FMI devrait, en plus, nous assurer une unité de compte internationale, indépendante du dollar pour une plus grande stabilité. C’est réalisable et Joseph Stiglitz a bien avancé sur la question. C’est plausible et même du domaine du réalisable.
Christine Lagarde, porte étendard de la finance éthique à l’échelle mondiale? Comme disait Jacques Brel «si ce n’est pas certainement, c’est quand même peut-être!». Et puis, il est temps que le FMI s’occupe sérieusement de l’Afrique. Ou alors qu’il parraine un FMI pour le Continent à l’instar du tandem BM–BAD.