à Athènes le 29 juin 2011 (Photo : Filippo Monteforte) |
[30/06/2011 16:10:05] ATHENES (AFP) Adoption de plans d’austérité draconiens et manifestations contre la rigueur: d’Athènes à Londres en passant par Varsovie, les pays européens étaient plongés jeudi en plein dans la crise des dettes publiques qui menace l’existence même de la zone euro.
Au lendemain d’une journée de violences urbaines qui ont marqué l’adoption d’un nouveau plan de rigueur draconien, aussitôt salué par l’UE qui craint une contagion de la crise grecque à d’autres pays de la zone euro, les députés grecs ont adopté un deuxième texte détaillant des mesures d’économies et des privatisations à engager au cours des quatre ans à venir.
Les rues d’Athènes étaient bouclées par la police, mais sans réédition des affrontements de la veille entre groupes de jeunes cagoulés et forces de l’ordre qui se sont poursuivis tard dans la nuit, faisant plus de 100 blessés.
La loi, dont l’UE avait fait une condition pour débloquer une nouvelle aide permettant à Athènes d’éviter la faillite, doit permettre de réaliser 28,4 milliards d’euros d’économies budgétaires en cinq ans, et d’engager pour 50 milliards de privatisations.
Le président permanent de l’UE, Herman Van Rompuy, et celui de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont d’ailleurs immédiatement déclaré qu’Athènes pourrait désormais recevoir de l’argent frais.
à Varsovie. (Photo : Janek Skarzynski) |
A Rome, le gouvernement de Silvio Berlusconi devait quant à lui adopter un nouveau plan prévoyant environ 47 milliards d’euros d’économies d’ici 2014 afin de parvenir à un quasi équilibre budgétaire et de rassurer des marchés qui craignent une contagion de la crise grecque.
Une cure de rigueur qui doit permettre au pays de tenir l’engagement pris à l’égard de Bruxelles de réduire le déficit public à 0,2% du PIB contre 4,6% en 2010.
Ce plan, qui devra encore être adopté par le Parlement, a divisé la majorité de centre-droit, mais les tensions ont fini par s’apaiser.
Autre pays qui inquiète les marchés, le Portugal, dont le nouveau Premier ministre de centre-droit Pedro Passos Coelho, a présenté jeudi au parlement un programme se voulant “plus ambitieux” que les mesures déjà prévues dans le cadre du plan d’aide de l’UE et du FMI.
Il a notamment annoncé pour 2011 une “contribution spéciale” équivalente à 50% du 14e mois sur tous les revenus supérieurs au salaire minimum, qui devrait rapporter 800 millions d’euros, et l’accélération du plan de privatisations.
“L’état des comptes publics me force à demander davantage de sacrifices aux Portugais”, a déclaré le chef du gouvernement.
En échange d’un prêt de 78 milliards d’euros, le Portugal s’est engagé à mettre en oeuvre un exigeant programme de rigueur et de réformes sur trois ans négocié par le précédent gouvernement socialiste, battu lors des élections législatives anticipées du 5 juin.
Témoignant des coûts sociaux de ces plans anti-crise, des manifestations avaient lieu dans plusieurs pays.
ée de grèves (Photo : Carl Court) |
Au Royaume-Uni, pays hors zone euro mais dont le gouvernement conservateur a également mis en oeuvre une rigueur draconienne, les syndicats ont ainsi appelé à faire grève contre la réforme des retraites. Des milliers d’écoles, de tribunaux et de bâtiments publics étaient fermés, mais les transports internationaux ne semblaient pas touchés.
Déjà confrontés à un gel des salaires et à la suppression de 300.000 postes d’ici à 2015, fonctionnaires et enseignants sont vent debout contre le projet de repousser l’âge de leur retraite à 66 ans en 2020 (au lieu de 60 ans pour la plupart) et d’augmenter leurs cotisations.
A Varsovie, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté en criant “Voleurs” à l’appel du syndicat Solidarité contre la politique sociale du gouvernement libéral de Donald Tusk, à la veille de l’accession de la Pologne à la présidence de l’Union européenne.
Et en Espagne, le campement d’une quarantaine d’irréductibles “indignés” installés depuis le 15 mai à Barcelone (nord-est) a été évacué dans le calme dans la nuit de mercredi à jeudi.