Grèce : bouffée d’oxygène en vue mais le vrai sauvetage se fait attendre

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à Athènes, le 1er juillet 2011 (Photo : Filippo Monteforte)

[02/07/2011 10:32:36] BRUXELLES (AFP) La zone euro va débloquer samedi soir de l’argent frais qui permettra à la Grèce d’éviter dans l’immédiat la faillite, en attendant un plan de sauvetage à plus long terme sur lequel les discussions traînent en longueur.

Les ministres des Finances de la zone euro doivent décider lors d’une téléconférence, prévue à partir de 16H00 GMT, de verser 8,7 milliards d’euros de prêts à Athènes.

Ils entérineront une décision de principe prise vendredi, selon des sources diplomatiques, et rendue possible par l’adoption d’un nouveau plan d’austérité par le Parlement grec.

Les Européens acquitteront ainsi leur part de la cinquième tranche des 110 milliards d’euros de prêts sur trois ans promis en mai 2010 à la Grèce, dans le cadre d’un premier plan de sauvetage.

Athènes, qui n’arrive pas à faire face aux remboursements de son énorme dette chiffrée à environ 350 milliards d’euros, a absolument besoin de cet argent pour ne pas se retrouver en défaut de paiement autour de la mi-juillet.

Une faillite pourrait avoir de graves répercussions sur d’autres pays de la zone euro jugés fragiles, à commencer par le Portugal et l’Irlande, qui ont aussi eu recours à une aide extérieure mais sont censés recommencer à lever de l’argent sur les marchés financiers en 2013.

L’Espagne inquiète également depuis plusieurs mois à cause de son secteur bancaire, toujours fragile en dépit d’efforts de restructuration. L’Italie est dans le collimateur de certaines agences de notation en raison de sa dette très élevée, tout comme la Belgique, toujours sans gouvernement de plein exercice.

Outre les Européens, le Fonds monétaire international est impliqué dans le plan de sauvetage grec. Il devrait débloquer “bientôt” sa part de la cinquième tranche, 3,3 milliards d’euros, mais ne s’est pas engagé sur une date.

Mais même une fois la cinquième tranche versée, le problème grec sera loin d’être réglé.

Il restera 45 milliards d’euros à verser progressivement à la Grèce au titre du plan de sauvetage de l’an dernier, soit clairement pas assez vu la méfiance que le pays provoque toujours sur les marchés financiers.

La Grèce a besoin d’un deuxième plan de sauvetage, qu’elle évalue elle-même à un montant similaire au premier, soit une centaine de milliards d’euros, d’ici fin 2014.

“Nous ne pouvons pas nous permettre de nous relaxer, nous avons besoin d’avancer aussi vite que possible, à la fois du côté de la zone euro et du FMI”, a prévenu samedi le ministre polonais des Finances Jacek Rostowski, dont le pays vient de prendre la présidence tournante de l’Union européenne.

“La vitesse ne doit pas aller au détriment d’une décision bien réfléchie”, rétorque un diplomate européen.

Les négociations sur le deuxième plan de sauvetage durent déjà depuis des semaines, en particulier sur l’aspect le plus sensible: la participation des banques et autres créanciers privés de la Grèce.

Le lobby mondial du secteur financier (IFF) a promis son soutien vendredi, et le principe d’un “roulement” de dette, voyant les créanciers renouveler une partie de leurs prêts arrivant à échéance d’ici fin 2014, est désormais acquis.

Mais il reste des détails techniques très complexes à régler afin d’éviter que l’opération soit assimilée à un défaut de paiement d’Athènes, qui réduirait tous les efforts à néant.

D’après une source diplomatique, “les travaux ne sont pas encore aboutis” et il faudra attendre une autre réunion ministérielle prévue de longue date pour le 11 juillet.

“Je sais pas si tous les détails seront là le 11 mais on cherchera à avoir le budget global des prêts et le montant du financement qu’apportent les créanciers privés”, a reconnu cette source. “Le programme doit être bouclé le plus vite possible, mais on ne peut pas exclure que sa finalisation soit renvoyée à septembre.”