Les marques françaises du luxe à la conquête du Brésil

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ésil, le 21 juin 2011 (Photo : Nelson Almeida)

[02/07/2011 11:11:03] RIO DE JANEIRO (AFP) Des hélicoptères au caviar Petrossian, en passant par les très convoités sacs Hermès, l’industrie française du luxe se lance à la conquête du Brésil, un pays émergent en plein boom économique.

Ces marques parient sur l’évolution du goût du consommateur brésilien vers des produits classiques et de qualité, moins axés sur la mode.

“Les riches émergents brésiliens ont un peu le comportement du millionnaire russe il y a dix ans. Mais cela va changer et, d’ici à deux ou trois ans, on va passer du nouveau millionnaire +bling bling+ à un millionnaire plus sophistiqué, comme le sont les grandes familles traditionnelles brésiliennes”, a assuré à l’AFP Eric Fajole, le directeur d’Ubifrance pour le Brésil.

Une mission française est venue en mai au Brésil, emmenée par UbiFrance. “Il n’y avait pratiquement que des artisans d’art qui font des métiers très pointus, des ateliers de l’époque des rois, un savoir faire très français et très précieux”, a souligné ce responsable de l?agence publique qui aide les entreprises françaises à se développer à l’étranger.

Avec un chiffre d’affaires en progression constante, estimé à 8,2 milliards de dollars cette année en hausse de 28% par rapport à 2010, le marché du luxe est “très prometteur au Brésil”, a confirmé à l’AFP le patron du consultant en luxe MCF Consultoria, Carlos Ferreirinha.

Le Brésil, où les classes aisées et riches totalisent quelque dix millions de personnes, est devenu le deuxième marché du continent américain derrière les Etats-Unis.

Les (nouveaux) riches viennent de l’agrobusiness, fer de lance de la croissance économique, des ressources naturelles (mines, pétrole, gaz) et de la finance, souligne M. Ferreirinha.

La capitale du luxe est Sao Paulo qui concentre 75% de la consommation du secteur. Le sellier Hermès y a ouvert son premier point de vente en 2009 et s’apprête à en ouvrir un second. La maison de couture Chanel a lancé son premier magasin en novembre.

Et le négociant en caviar Petrossian vient d’inaugurer sa première boutique en avril: les petits grains noirs s’arrachent bien qu’ils coûtent deux à trois fois plus chers qu’à Paris.

“On a pensé qu’il y avait de la place pour le caviar. Les clients sont très contents de pouvoir déguster du caviar à Sao Paulo”, a déclaré à l’AFP l’une des deux propriétaires, Adriana Tutundjan.

Dans la boulangerie-pâtisserie Marie-Madeleine ouverte en octobre dernier et représentante de la Maison de la Truffe, les ventes aussi explosent.

“Il y a d’excellents restaurants à Sao Paulo mais il manquait du bon pain. Nos ventes grimpent beaucoup plus vite qu’escompté”, a dit à l’AFP Priscilla Choe, porte-parole de la boulangerie qui achète farine et beurre en France.

Toutes les marques de luxe vont progresser et dans d’autres villes comme Brasilia, Rio de Janeiro et Belo Horizonte, selon les analystes.

Cette niche très profitable est dominée par la France et l’Italie. Mais l’industrie française perce aussi sur des marchés moins attendus comme celui des hélicoptères, très prisés par les hommes d’affaires fuyant les embouteillages de Sao Paulo, grâce à Helibras, la filiale brésilienne d’Eurocopter, ou du nautisme.

“Lors du salon nautique à Rio, le mois dernier, avec des bateaux vendus plus de deux fois le prix français en raison des taxes, les constructeurs Jeanneau et Bénéteau ont réalisé de très belles ventes”, a souligné M. Fajole.