L’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, à la recherche des (nouveaux) adhérents? C’est du jamais vu, à notre connaissance, dans l’histoire du patronat tunisien. Est-ce l’effet de la révolution? Sans doute, car si appelle aujourd’hui à des chefs d’entreprise à se joindre à elle, ce n’est pas anodin. Et on verra plus tard le pourquoi.
En attendant, un communiqué de la Centrale patronale indique que, “dans le cadre de son choix d’ouverture totale et dans l’objectif de permettre aux chefs d’entreprise d’adhérer massivement à ses rangs, l’UTICA organise des journées portes ouvertes au profit des professionnels de tous les secteurs, les 5, 6 et 7 juillet 2011 à son siège…“.
Une première remarque s’impose: le patronat utilise des termes comme “ouverture totale“, “adhérer massivement… On comprend dès lors que par le passé, l’UTICA n’était “totalement ouverte“, et par conséquent, ce n’est pas n’importe quel chef d’entreprise ou homme d’affaires qui pouvait y adhérer.
Par ailleurs, le document précise que “les visiteurs pourront prendre connaissance des structures régionales et sectorielles auxquelles ils appartiennent, et y adhérer à l’instant même“.
En clair, la direction de l’UTICA se livre à une double opération: initier et séduire. Et ce même si le document rappelle que “l’UTICA a exprimé, à maintes reprises, son engagement à mettre en place toutes les conditions garantissant le renouvellement des différentes structures en toute transparence et démocratie, ainsi qu’ouvrir les portes à toutes compétences sans exclusion ni marginalisation afin de garantir une meilleure représentation et rayonnement de l’UTICA dans toutes les régions et au niveau de tous les secteurs“.
Voilà, on y est. Nous avons souligné plus haut que l’organisation de ces “journées portes ouvertes“ n’était peut-être pas anodine.
En effet, depuis le 3 mai denier, une nouvelle structure patronale a obtenu son visa. Il s’agit de l’Union des industriels et commerciaux libres (UICL), déjà active sur le terrain, et qui risque de faucher l’herbe sous les pieds de l’UTICA.
La preuve? Dans un communiqué rendu public le 2 juillet 2011, le nouveau patronat propose “d’accorder aux bénéficiaires du décret portant amnistie générale pour les crimes de chèques sans provisions, un délai de grâce d’un à trois ans, pour payer leurs dettes ou de les priver de l’amnistie; en cas de tergiversations“.
Ensuite, l’UICL dénonce le décret-loi du 26 avril 2011, lequel a certes “résolu les problèmes d’une catégorie“, mais a lésé une autre en ayant mis “des centaines de personnes en grande difficulté, en les privant du recouvrement de leurs dus“.
Dans le même document, le “nouveau“ patronat affirme avoir reçu une centaine de plaintes de la part d’hommes d’affaires qui se trouvent aujourd’hui “menacés de faillite et de la fermeture de leurs sociétés, étant dans l’incapacité de récupérer leur argent, suite à la promulgation du décret-loi d’amnistie”.
Mais l’UICL ne s’arrête pas au stade de dénonciation mais propose non seulement “la création d’un fonds d’indemnisation qui se chargera du remboursement rapide et par tranches des sommes dues“, mais aussi “la déduction du taux d’imposition pour les hommes d’affaires lésés, en fonction de leurs dettes impayées”.
Tout ceci pour dire que la bataille entre les deux structures patronales ne fait que commencer, même si elles ne partent pas à armes égales.