é de Lomme, dans le nord de la France, le 15 juin 2011 (Photo : Philippe Huguen) |
[04/07/2011 13:38:14] PARIS (AFP) Les deux grands rivaux de la distribution française, Carrefour et Casino, se livrent une lutte acharnée pour prendre le contrôle du numéro un de la distribution au Brésil, mais la position du premier vient de se trouver fragilisée par la volte-face des pouvoirs publics brésiliens.
Le conseil d’administration de Carrefour s’est prononcé lundi en faveur du projet de partenariat récemment annoncé avec CBD Pao de Açucar, a annoncé le groupe dans un communiqué, en assortissant toutefois sa décision d’un bémol de taille: le rapprochement souhaité devra recevoir la bénédiction de CBD.
Or, l’ennemi juré Casino, grand actionnaire de CBD, n’entend pas se laisser dépouiller de l’un des ses investissements les plus prometteurs.
Il a déjà répondu aux projets de Carrefour en augmentant sa participation dans CBD de 6,2 points de pourcentage. Il détient désormais 43,1% de son capital, directement et indirectement via une holding commune avec la famille Diniz, qui s’est ralliée sans ambiguïté à l’offre de Carrefour.
Le projet au centre du contentieux prévoit la fusion des actifs brésiliens de Carrefour avec ceux de CBD, pour donner naissance à une société commune détenant une position centrale sur le marché brésilien.
L’opération permettrait de dégager des synergies estimées entre 600 et 800 millions d’euros en année pleine, selon Carrefour. La nouvelle entité dégagerait un chiffre d’affaires pro forma de 30 milliards d’euros en 2011.
Carrefour pourrait ainsi augmenter “significativement son exposition aux marchés de croissance, qui représenteraient plus de 40% de ses ventes consolidées à horizon 2013”, a fait valoir son conseil d’administration.
Cependant, “la décision du conseil d?administration de Carrefour est conditionnée à l?approbation par CBD de la proposition reçue” et “à l?approbation finale du conseil d?administration de BNDES”, la banque publique brésilienne qui doit financer l’opération, a-t-il précisé.
Le calendrier de l’annonce “peut surprendre”, relève Christian Devismes du Crédit Mutuel-CIC, dans la mesure où elle fait suite à une annonce potentiellement très négative pour la suite des opérations pour Carrefour.
Selon le quotidien économique Les Echos daté de lundi, qui cite l’hebdomadaire brésilien Veja, Luciano Coutinho, président de la BNDES, a en effet déclaré qu’il n’apporterait pas les 2,4 milliards de dollars prévus “sans accord entre (CBD) Pao de Açucar et Casino”.
Le PDG de Casino Jean-Charles Naouri, se trouve ce lundi au Brésil où il doit d’ailleurs rencontrer M. Coutinho, a indiqué une source proche du dossier, confirmant des informations de la presse locale.
Pour Casino, “Carrefour et ses administrateurs engagent leur responsabilité en acceptant, malgré les avertissements, une opération engagée de manière hostile et menée dans le cadre de négociations illégales”.
Le groupe stéphanois a lancé devant la Chambre de commerce internationale (CCI) une seconde procédure d’arbitrage à l’encontre de son partenaire Diniz, afin de faire respecter le pacte d’actionnaires qui régit la gouvernance de CBD depuis 2006.
Casino avait déjà engagé fin mai une première procédure à l’encontre de la famille Diniz, pour obtenir le respect de ce pacte, alors même que le projet d’alliance entre CBD et Carrefour n’était encore qu’une rumeur.
En milieu d’après-midi, le titre Casino progressait de 1,36%, à 66,45 euros, alors que celui de Carrefour fléchissait de 0,53%, à 28,01 euros.