Bruxelles critique l’abaissement de la note du Portugal par Moody’s

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ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso le 5 juillet 2011 (Photo : Frederick Florin)

[06/07/2011 11:08:41] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a sévèrement critiqué mercredi l’abaissement brutal de la note du Portugal par l’agence Moody’s, qui risque d’aggraver la crise de la dette en zone euro, et plaidé pour un organisme européen de ce type afin de faire contrepoids.

“Je regrette profondément” la décision de Moody’s, mardi, de reléguer le pays dans la catégorie des investissements “spéculatifs”, en abaissant de quatre crans sa note à long terme, a estimé le président de l’exécutif européen, José Manuel Barroso.

“Je la regrette particulièrement à cause du moment choisi et de son ampleur”, alors que le Portugal vient tout juste de commencer à mettre en oeuvre un plan d’austérité exigé en échange d’un plan de sauvetage international de 78 milliards d’euros pour lui éviter la faillite, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Strasbourg au Parlement européen.

M. Barroso, qui est portugais et fut Premier ministre dans son pays avant de venir à Bruxelles, a critiqué une décision qui “ajoute un élément spéculatif” à une situation déjà compliquée. Il a encouragé le gouvernement de Lisbonne à maintenir le cap de son plan de rigueur.

L’agence de notation Moody’s a relégué mardi le Portugal dans la catégorie des investissements “spéculatifs”, en abaissant de quatre crans sa note à long terme, car elle estime que le pays pourrait – comme la Grèce – avoir besoin d’un deuxième plan d’aide avant de retourner sur les marchés s’y financer seule.

Moody’s a assorti cette note d’une perspective négative, ce qui signifie qu’elle envisage de l’abaisser encore à moyen terme.

La Commission a, dans ce contexte, lancé une mise en garde aux agences de notations anglo-saxonnes, dont les décisions font vaciller plusieurs pays de l’Union monétaire confrontés à un endettement important.

“Cet épisode malheureux soulève une fois de plus la question du comportement des agences de notation et de leur soi-disante clairvoyance”, a déclaré au même moment à Bruxelles le porte-parole de l’exécutif européen pour les questions économiques, Amadeu Altafaj.

Bruxelles a enfoncé le couteau dans la plaie en rappelant que ces mêmes agences de notation n’avaient pas joué leur rôle de vigie au début de la crise financière partie des Etats-Unis avec la faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008.

A l’époque, elles avaient encouragé des transactions sur des produits financiers très risqués, à l’origine des turbulences mondiales, en leur donnant pendant longtemps de très bonnes notes.

M. Barroso s’est prononcé indirectement pour la création d’une agence de notation basée en Europe, alors que les trois qui aujourd’hui font la loi sur la planète financière mondiale sont toutes américaines, Moody’s, Standard and Poor’s et Fitch.

“C’est au marché qu’il appartient de décider”, mais il me semble étrange qu’il n’y ait pas une seule agence venant d’Europe”, a dit le président de la Commission, indiquant être au courant d’un projet pour remédier à cette situation, qu’il n’a pas détaillé.

“Il pourrait y avoir un certain parti pris dans les marchés dès lors qu’il s’agit d’évaluer l’Europe”, a accusé M. Barroso.