Le ministre allemand des Finances s’en prend aux agences de notation

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äuble répond aux journalistes le 6 juillet 2011 à Berlin (Photo : Wolfgang Kumm)

[06/07/2011 12:29:52] BERLIN (AFP) Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré mercredi qu’il fallait “briser l’oligopole des agences de notation” et “limiter leur influence”, au lendemain d’une dégradation par l’agence Moody’s de la note de la dette du Portugal.

“Je n’arrive pas à voir ce qui sous-tend cette appréciation”, a déclaré M. Schäuble à propos de cet avis de Moody’s, ajoutant qu’il en avait été “surpris comme tous les autres”.

L’agence de notation Moody’s a relégué le Portugal dans la catégorie des investissements “spéculatifs”, c’est-à-dire les placements qui risquent de ne jamais être remboursés, car elle estime que le pays pourrait avoir besoin d’un deuxième plan d’aide.

Le monde des agences de notation est dominé par un oligopole: Moody’s, Standard and Poor’s ainsi que Fitch, dont les avis dictent en grande partie leur conduite aux marchés financiers.

Lundi, Standard and Poor’s (S&P) avait pour sa part menacé de déclarer la Grèce en quasi-faillite si la France et l’Allemagne allaient au bout de leurs initiatives de participation des banques privées à l’aide à Athènes.

De passage à Berlin mercredi, le ministre grec des Affaires étrangères Stavros Lambrinidis, a vivement critiqué l’initiative de Moody’s sur le Portugal, soulignant que “cette dégradation n’est pas basée sur le fait que le Portugal ne fait pas son travail de réformes mais sur l’hypothèse que le pays va à nouveau avoir besoin d’aide. Voyez-vous la folie de cette prophétie auto-réalisatrice?”.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a lui aussi “regretté” mercredi l’abaissement brutal de la note du Portugal par Moody’s.

La chancelière allemande Angela Merkel avait elle prévenu mardi que les Etats et organisations internationales ne “se laisseraient pas priver de leur liberté de jugement” sur le sauvetage de la Grèce par les agences de notation.

Le patron de S&P en Allemagne, Torsten Hinrichs, a tenté de se défendre mercredi dans une interview à la télévision ARD, en déclarant: “Il y a une centaine d’agences de notation dans le monde. L’importance des trois grandes résulte de la justesse de leurs notations au cours des dernières décennies”.