Deux mois après son lancement officiel en France, ce think tank, dirigé par
Mounir Beltaifa, a organisé une première conférence à Tunis, en partenariat avec
l’Association NOU-R, présidée par Maher Kallel.
Mounir Beltaifa n’est pas médecin. Pourtant, cet expert en management est très à
l’aise dans le diagnostic et la recommandation du traitement, à ses yeux
nécessaire pour… remettre la Tunisie sur les rails. Le président du think tank
Emergens/Rabii Tounes en a fait la démonstration lors d’une conférence mardi 5
juillet à la Cité des Sciences par cette organisation en partenariat avec
l’Association NOU-R (Forum pour une Nouvelle République), présidée par Maher
Kallel, autour du thème «pour que le bien-être du citoyen soit la finalité de la
nouvelle Tunisie». Une manifestation qui se tenait près de deux mois après le
lancement officiel de Rabii Tounes à Paris, en présence de deux membres du
gouvernement tunisien (Jaloul Ayed et Mehdi Houas).
Pour Mounir Beltaifa, «l’avenir de la Tunisie ne sera pas construit par un petit
groupe». Et le think tank qu’il dirige veut contribuer à cette construction par
des «choses simples», c’est-à-dire des programmes politiques et économiques
qu’il désire «partager». A l’image de ce que sont en train de faire d’autres
Tunisiens, de «l’intérieur», comme Radhi Meddeb –patron de Comete Engineering-
et de «l’extérieur», à l’instar de Elyès Jouini, vice-président de l’Université
Paris Dauphine.
Evidemment, Mounir Beltaifa n’a pas la prétention de détenir la réponse à la
question de savoir ce qui fait le bonheur des êtres humains en général et des
Tunisiens en particulier. Toutefois, il sait qu’«on fait progresser les choses
lorsqu’elles sont mesurables». Donc, soumettre la Tunisie à l’index «Gross
National Happiness» peut aider à y voir plus clair.
Estimant que «notre nouvelle Tunisie sera forcément meilleure que celle qui nous
a vu naître et grandir», les deux partenaires admettent qu’ils ne savent «pas
encore comment ni avec quels moyens» le bonheur du Tunisien deviendra l’objectif
suprême des politiques futures. D’autant que la révolution a démontré que les
Tunisiens étaient moins -beaucoup moins- heureux que la propagande officielle ne
le faisait croire sous Ben Ali.
Les Tunisiens n’étaient pas très heureux notamment «parce qu’on ne se pose
jamais la question sur ce que le développement rapporte au citoyen» et parce que
«les banques et les entreprises sont les premiers» à avoir leur part du gâteau.
Mais pour atteindre le bonheur, la Tunisie et les Tunisiens doivent, selon le
président d’Emergens, remplir d’autres conditions. D’abord, nous devons «nous
rassembler» car «la dispersion est ce qui peut nous arriver de pire».
Constatant qu’«en Tunisie, nous avons des idées et des perceptions différentes»,
Mounir Beltaifa appelle les Tunisiens à essayer «d’apporter ce que nous avons en
commun et de respecter nos différences». Et ce qui «nous sépare» selon cet
expert, ce sont «les démarches, qui diffèrent selon les hommes, plus que les
objectifs».