EXCLUSIF AFP – Portugal : l’Espagne se dit “surprise” mais veut se démarquer

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La ministre des Finances Elena Salgado le 9 avril 2011 (Photo : Georges Gobet)

[06/07/2011 15:28:21] MADRID (AFP) La ministre espagnole de l’Economie Elena Salgado s’est déclarée mercredi, dans un entretien exclusif à l’AFP, “surprise” par certains arguments avancés par l’agence Moody’s, qui a relégué mardi le Portugal dans la catégorie des investissements “spéculatifs”.

“Certains arguments (de Moody’s) ont été une surprise”, a estimé Mme Salgado, jugeant “prématuré” de spéculer sur une difficulté du Portugal à se financer jusqu’au second semestre 2013, avant d’insister sur la différence de son pays: “la situation de l’Espagne n’a rien à voir avec celle du Portugal”.

“Nous ne portons pas de jugement sur les communiqués des agences de notation sur d’autres pays”, a précisé la ministre, mais “au-delà de cela, nous devons tous aider le Portugal à surmonter cette situation difficile”.

Voisin et proche partenaire économique du Portugal, l’Espagne pourrait craindre un éventuel effet de contagion avec la baisse de la note du Portugal par Moody’s, ayant elle aussi été dans la ligne de mire des marchés au cours des derniers mois.

“Il faut rappeler que quand on a parlé du sauvetage du Portugal il y a quelques mois, il n’y a eu aucun effet de contagion sur l’Espagne”, a souligné Mme Salgado, “d’abord parce que notre exposition à la dette publique du Portugal est relativement modérée”, “ensuite parce que les participations que nous avons là-bas sont dans le segment de l’économie portugaise le plus dynamique”.

Au Portugal, “il est vrai que les chiffres de réduction du déficit au premier trimestre ont été un peu plus mauvais que prévu”, “mais ce n’est pas le cas de l’Espagne”.

Cette dernière s’est fixée comme objectif prioritaire la baisse du déficit public, qui a grimpé à 11,1% du PIB en 2009 avant de baisser à 9,24% en 2010. Le gouvernement socialiste vise 3% en 2013.

L’Espagne et le Portugal “sont deux économies distinctes”, a insisté la ministre, rappelant les années de forte croissance et la capacité exportatrice de l’Espagne. “Donc nous avons très peu à voir avec le Portugal, hormis le fait de leur souhaiter que tout aille bien, en tant que pays ami”.

Madrid semblait pourtant souffrir mercredi, mais comme l’ensemble des places européennes, de la décision de Moody’s: à 14H20 GMT, l’indice Ibex-35, regroupant les principales valeurs espagnoles, perdait 1,88%, tandis que la prime de risque – différentiel de rendement entre les obligations allemandes et espagnoles à 10 ans – atteignait 266 points, proche du maximum atteint fin novembre (283 points).

“Les fondamentaux de notre économie ne justifient pas cette prime de risque élevée et elle doit donc baisser”, a affirmé Elena Salgado.

Mais “l’opinion du gouvernement est que ce qui nous affecte actuellement c’est l’instabilité sur les marchés et non des facteurs liés à l’économie espagnole”, a-t-elle dit.

“Face à cette instabilité, que pouvons-nous faire? Agir en coordination avec l’Europe, remplir nos engagements de réformes et aussi aider les autres pays”, a estimé la ministre.

“Ce que dit le Fonds monétaire international (dans son dernier rapport sur l’Espagne le 21 juin, ndlr) c’est que les risques ne sont pas terminés”, a-t-elle reconnu, mais aussi “que l’Espagne a mené des réformes d’ampleur et que ces réformes commencent à porter leurs fruits”.

Le gouvernement espagnol a réformé son marché du travail et son système bancaire, tout en reculant l’âge du départ à la retraite. Il a aussi appliqué de nombreuses mesures d’austérité pour réduire ses dépenses.