Air France : productivité accrue et bases en province pour contrer le “low cost”

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à Lima (Photo : Ernesto Benavides)

[06/07/2011 19:48:08] PARIS (AFP) Les négociations sont sur le point d’aboutir entre les syndicats et la direction d’Air France, qui veut établir des bases régionales et demander à une partie du personnel navigant d’augmenter sa productivité, afin de regagner du terrain face aux compagnies à bas coûts.

Les discussions sont engagées depuis des mois sur cet important chantier du directeur général, Pierre-Henri Gourgeon, qui n’a cessé de répéter que rien ne se ferait sans le consentement des salariés, après avoir écarté l’idée d’une filiale “low cost”.

Soumise à référendum par le très puissant syndicat SNPL, la nouvelle organisation du travail proposée pour les futures bases en province (Marseille, Nice, Toulouse, Bordeaux), a recueilli 54,4% de “oui” chez les pilotes, a indiqué mercredi soir à l’AFP un responsable syndical sous couvert d’anonymat.

Le résultat du scrutin, dont le taux de participation a dépassé 75% selon la même source, doit être annoncé officiellement jeudi. Sans attendre, Air France s’est félicité “de cette nouvelle dynamique de croissance enclenchée”.

Actuellement, les personnels navigants sont rattachés à Roissy ou Orly.

Concernant les hôtesses et stewards, “on se rapproche d’une réunion finale”, a assuré mardi à l’AFP Frank Mikula, porte-parole de l’Unac-CGC. “Un accord devait être soumis à signature courant juillet”, confirme Sandrine Secher de la CGT.

Initialement prévue en juin, l’ouverture de la première base – à Marseille – a été reportée à l’automne, la question des salaires face à des gains de productivité d’environ 25% ayant été un obstacle majeur.

“Nous essayons de trouver un modèle de production pour baisser nos coûts de 15%” sans toucher à la qualité du service Air France, a expliqué à l’AFP Pierre-Henri Gourgeon. L’objectif: des tarifs plus bas pour mieux concurrencer des compagnies comme Easyjet ou Ryanair.

“Nous proposons au personnel navigant, sur la base du volontariat, de faire plus d?heures de vol sur moins de jours. Au personnel au sol, il est proposé une organisation plus polyvalente”, a-t-il expliqué.

Dans ce schéma, les avions feront plus de rotations et des liaisons seront ajoutées au départ des bases régionales.

“Chez les PNC (hôtesses et stewards), l’objectif est de passer de 500-550 heures de vol à 650” par an, indique Frank Mikula. Sur certains vols moyens courriers, le nombre de PNC devrait aussi être réduit.

“Les parts du marché du low cost ne cessent d’augmenter en France et en Europe (…) la question posée est de savoir +comment les grands transporteurs y répondent+”, note le syndicaliste “ouvert à une certaine adaptation mais pas à n’importe quel prix social”.

“Sortir du tout hub – Roissy et Orly – nous sommes pour, mais pas sur le dos des salariés”, prévient Sandrine Secher.

Certains personnels habitent déjà en région et la direction mise aussi sur des volontaires au déménagement.

Des vols Paris-province, province-province et province-Europe doivent intégrer cette nouvelle organisation du travail.

Dès cet automne, la compagnie compte lancer des vols entre Marseille et l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie ou encore la Turquie, a confié à l’AFP Pierre-Henri Gourgeon.

M. Gourgeon sera lundi prochain dans la cité phocéenne pour préciser les contours du projet.

Si ce schéma “réussit, il peut nous apporter 4 millions de passagers en plus” des 45 millions passagers transportés par an, estime le patron de la compagnie, dont le mandat doit être renouvelé jeudi lors de l’assemblée générale des actionnaires.

Ce souhait de se développer à partir de la province fait grincer des dents dans la filiale Regional, qui opère l’essentiel des lignes province-province, et craint de voir ses créneaux grignotés.

Le 29 juin, une grève a d’ailleurs été fortement suivie chez Regional avec plus d’une centaine de vols annulés.