La Tunisie offre de généreuses incitations à l’investissement. Ces incitations peuvent contribuer à promouvoir l’emploi si elles encouragent l’investissement. Mais des incitations généreuses à l’investissement réduisent également le coût du capital pour l’utilisateur et donc introduisent une distorsion dans le prix relatif du capital et de la main-d’œuvre.
Mais, est-ce que l’octroi d’incitations dans le cadre de la loi 120-93 contribue à la maîtrise du chômage?
Théoriquement, la réponse est négative. Dans un environnement concurrentiel où la production nécessite deux facteurs de production (le capital et le travail) supposés substituables, l’intervention de l’Etat dans le cadre du Code d’incitations aux investissements à travers l’octroi d’incitations dont l’objectif principal est la dynamisation de l’investissement via la maîtrise principalement du coût du facteur capital au détriment relativement du coût du facteur travail. La conséquence directe est une substitution du capital au travail surtout que notre tissu industriel est de plus en plus intensif en capital.
Analytiquement, certaines études indiquent que les incitations financières et fiscales du Code d’incitations aux investissements, comportant une distorsion en faveur du capital, ont vraisemblablement réduit le coût du capital pour l’utilisateur de 8,8% en 2001. La baisse du coût du capital pour l’investisseur a renforcé une tendance à la hausse du coût relatif de la main-d’œuvre depuis le milieu des années 90.
Cette situation peut avoir contribué, comme conséquence non désirée, à des projets d’investissement à moindre intensité de main-d’œuvre. L’IEQ (2002) a fourni, dans le cadre d’enquêtes consacrées aux entreprises, des indications sur l’investissement des entreprises tunisiennes: l’investissement des entreprises tunisiennes interviewées a principalement été consacré à la modernisation de l’équipement (37%) et aux remplacements (25%), qui sont vraisemblablement à l’origine d’une épargne de main-d’œuvre. A l’inverse, l’investissement consacré au développement des capacités n’a représenté que 26% du total.
(IACE – CTEE – Auteur : Ghazouani Kamel)