Un mémoire de Master soutenu à l’IPSI (Institut de presse et des sciences de l’information) passe au crible le téléjournal de 20 heures d’Al Watanya 1 après la révolution du 14 janvier 2011et décrit les travers de son contenu qui continue à ne pas répondre aux exigences professionnelles.
L’analyse vaut, pour ainsi dire, le détour. Un mémoire de Master en Sciences de l’Information et de la Communication, soutenu, le 1er juillet 2011, à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) de Tunis apporte, en effet, un regard intéressant sur le vécu du journal télévisé de 20 heures d’Al Watanya 1 depuis le 14 juillet 2011.*
Le regard est, empressons-nous de le dire, celui à la fois d’un témoin, l’auteur est journaliste à l’Etablissement de la Télévision Tunisienne (ETT), et d’un chercheur, parti à la découverte de ce téléjournal qui continue à avoir la meilleure audience de tout le paysage télévisuel tunisien. La mesure d’audience effectuée par Sigma Conseil accrédite ce téléjournal de 40,4% de part d’audience au cours du mois de juin 2011.
D’abord, un constat: les premiers jours qui ont suivi le 14 janvier 2011, le téléjournal de 20 heures d’Al Watanya 1 était déchiré entre deux tendances. La première est exprimée par les responsables des éditions qui avaient des difficultés à adopter une ligne éditoriale qui aille dans le sens de la rue qui a renversé le régime de Ben Ali.
Quant à la seconde, elle est le fait de la grande majorité des journalistes qui souhaitaient mettre en place une ligne éditoriale qui se veut l’expression des préoccupations des citoyens et rapporte les faits et gestes du pays profond avec professionnalisme.
Mainmise d’une partie des faiseurs d’opinion
Cette situation n’a pas manqué de créer un certain chaos dont les principales expressions sont la mise en place d’un comité de rédaction élu et d’un sit-in des journalistes d’Al Watanya 1 entre le 25 et le 27 février 2011.
Pour le reste, le mémoire s’interroge sur le contenu du téléjournal de 20 heures pour découvrir un certain parti pris. Si l’on croit l’auteur, qui avance avec des outils méthodologiques dont celui de la sacro-sainte analyse de contenu, le téléjournal fait la part belle à certains courants politiques aux dépens d’autres et ne rend que rarement compte des activités du président de la République et du Premier ministre par intérim.
Ce qui lui fait dire que le téléjournal de 20 heures «s’est débarrassé de la mainmise du président déchu pour tomber dans la mainmise d’une partie des faiseurs de l’opinion». Constat présenté dans des tableaux qui récapitulent les contenus d’un échantillon représentatif de journaux télévisés couvrant la période allant du 21 février au 10 avril 2011.
L’analyse s’appuie également sur les résultats d’un sondage réalisé auprès de journalistes, communicateurs et autres attachés de presse travaillant en Tunisie mais aussi de journalistes exerçant dans des chaînes de télévision étrangères (média 1 Sat, Al Jazeera et Dubaï).
Cent professionnels au total qui ne sont pas tendres –loin s’en faut- avec le professionnalisme d’Al Watanya 1. Ils lui reprochent bien des travers. Ils sont seulement 9% à estimer que la chaîne respecte les «valeurs informatives» dans son récit des informations (l’actualité, la proximité, l’intérêt humain,…). Des réponses corroborées par une analyse de contenu favorisant une grille de lecture.
S’il ne manque pas d’intérêt, le travail n’est pas pour autant parfait. Les membres du jury ont relevé des erreurs d’interprétation, mais aussi des erreurs méthodologiques. Réalisé à chaud, le mémoire ne pouvait, peut-être, jugé autrement.